Quand les pages s’entrechoquent… l’univers saigne.
Le lieu s’appelait zone zéro un point de jonction ancien, entre les genres, entre les styles, entre les voix. autrefois neutre. Autrefois respecté. aujourd’hui, réduit à un champ de bataille.
Le ciel y était noir d’encre, comme s’il venait d’être mal refermé, les nuages portaient encore des fragments de dialogues effacés. les arbres poussaient sur des racines typographiques, leurs feuilles tremblaient à la moindre ponctuation et le sol, rugueux et vierge à la fois, attendait son premier cri
c’est là que les trois grands camps narratifs déposèrent leurs soldats non pour parler mais pour inscrire la guerre dans les trames elles-mêmes.
L’Équipe Manga ouvrit la danse elle surgit avec fracas, angles serrés, visages graves, effets de style assumés un samouraï au nom trop long, dont l’épée contenait trente arcs narratifs une prêtresse aux larmes explosives, dont chaque émotion déclenchait un sort visuel un lycéen métamorphe, à treize transformations et un seul but: être le dernier à se relever.
Arc dramatique ultime — chapitre 1000 !
et le ciel se zébra de lignes noires, tendues comme des nerfs sur le point de claquer puis, une dissonance un rire qui ne cadrait pas une absurdité sonore.
L’Équipe Cartoon entra, clochettes aux pieds, désordre aux mains.
Une chèvre en armure de bacon chantait faux un canard manipulateur d’humour projetait des punchlines comme des grenades un clown immortel, au marteau-ballon quantique, tournait sur lui-même en renversant la logique de son propre mouvement.
– Méga gag inversé du chaos !
Les missiles devinrent des tartes. Les sorts manga ricochèrent sur des panneaux “pause dramatique”.la gravité elle-même fut pliée comme une case mal cadrée le monde tangua et puis… le silence un calme sans fond un recul lent, comme un souffle retenu.
L’Équipe Novel entra, sans effets.
Un roi sans royaume, vêtu d’une cape de citations non publiées une narratrice invisible, dont la voix faisait trembler le décor à chaque syllabe et une fille aux pas mortels, dont chaque avancée effaçait une métaphore autour d’elle ils ne frappèrent pas.
– Chapitre effaçable activé.
Et le terrain lui-même recommença à zéro. encore et encore comme un paragraphe réécrit dans l’angoisse du bon début.
alors le monde encyclopédique cria.
les mots fondirent comme cire sous un soleil errant les récits s’éparpillèrent, hors de leurs structures. Les concepts se noyaient, incapables de retrouver leur définition une planète composée de contes pour enfants fut balayée par un combo shōnen-toon, sans intention, sans méchanceté juste par impact à sa place s’établit une arène nue, tremblante le prologue perdu un sol sans passé un cadre sans page.
Dans les hauteurs où l’invisible gouverne, ils regardaient.
Zeus, immobile, la main sur une foudre qui hésitait.
Odin, la bouche close, les corbeaux muets.
Ra, l’œil solaire tamisé d’inquiétude.
Amaterasu, la lumière rentrée en elle-même.
Morphée, les rêves figés dans un sommeil tendu.
Et autour, les Éclairs :
Kael, le dos droit, l’épée toujours dans son fourreau, mais le regard prêt à juger.
Diva, le vent absent sous ses pas, les bras croisés.
Destiny, les yeux tournés vers un futur qu’il préférait ne pas lire.
Kaela, rayonnante d’un calme cosmique, mais silencieuse comme la nuit avant la création.
Rose, stable, posée, tenant son marteau sans le lever, comme si elle attendait qu’on ose.
Dante, en retrait, ombre brûlante, le regard fixé sur le champ de bataille, une main fermée sur un fragment de silence.
et Saphira, les yeux rivés vers un point que personne d’autre ne semblait percevoir.
Les dieux ne bougeaient pas car aucune loi n’avait encore été enfreinte mais les trônes frémissaient et La Mère Primordiale, doucement, entrouvrit un œil et ce fut le premier sang.
Un héros de light novel, tout juste introduit, s’élança il récitait déjà son passé, préparait son coup, appelait son destin mais une blague animée traversa l’espace une technique manga s’écrasa sur lui au même moment et dans l’intersection du gag et du style il fut effacé pas tué pas blessé
Effacé...
Son cri ne disait pas aïe il disait :
– Je ne veux pas disparaître.
Mais il disparut et partout, dans toutes les pages où son nom avait été écrit, une chose étrange se produisit le vide le blanc la sensation d’avoir connu quelqu’un mais sans pouvoir dire qui ainsi tomba le premier héros de la fiction non par combat mais par oubli.
Fin chapitre 65 - Guerre de Fiction : Partie 2 - Premier Sang