Chapitre 3 – Les griffes de la bête

La nuit tomba vite sur Volkiata.

Un vent étrange soufflait dans la canopée, et l’Arbre-Monde lui-même semblait frissonner. Une odeur métallique, âcre, remontait des profondeurs de la forêt. Même les plus anciens arbres ne murmuraient plus.

Et puis soudain…

Un cri perça l’air.

Strident. Féminin. Loin.

— Là ! hurla Seira.

Une ombre massive s’éloignait à toute vitesse entre les troncs. À ses pieds, une elfe inconsciente traînée comme un sac.

Logan ! rugit Luca, déjà en course.

La créature était grande, plus qu’un homme. Une peau sombre striée de veines noires, deux longues griffes recourbées, et des yeux… vides. Pas de parole, pas de cri, juste un souffle rauque, bestial, presque excité.

Mais ce Logan-là ne se contentait pas d’attaquer au hasard. Il choisissait ses proies. Toujours des jeunes elfes. Toujours des femmes.

Et il fuyait vite. Trop vite.

Seira, le regard dur, déclara :

Il a un repaire. Je le sens.

D’un geste vif, elle lança son sceau au sol.

Un cercle démoniaque s’ouvrit dans l’air, libérant une ombre gigantesque : son démon. Un être mi-corbeau, mi-humain, aux ailes déchirées, au masque en os.

Avesh, piste-le. Et coupe-lui la retraite.

Le démon disparut dans un battement de vent noir.

Luca accéléra encore. Il ne pouvait pas le perdre.

Ils traversèrent bois, ronces, ruines… jusqu’à tomber devant une paroi rocheuse, masquée par une illusion végétale.

— Il est là-dedans, lâcha Seira. Moi, je le retiens.

**

Luca entra.

La grotte était sombre, humide. Mais il sentait… quelque chose. Quelque chose d’anormal.

Il descendit une pente rocheuse et poussa une lourde porte en pierre, couverte de symboles anciens.

Ce qu’il découvrit derrière le glaça.

Des dizaines. Non. Des centaines. De jeunes elfes. Toutes enfermées dans des cages de fortune, ligotées, inconscientes ou en état de choc. Certaines pleuraient, d’autres hurlaient en silence.

Le Logan les avait choisies. Il ne prenait que des elfes au corps voluptueux, aux formes généreuses, comme mû par une pulsion immonde.

Luca sentit sa mâchoire se crisper.

— Salaud…

Il n’attendit pas. Il coupa les liens de la première, puis la suivante, et encore. Une par une. Les libérant avec douceur, les guidant vers la sortie.

— Sortez. Partez vers l’Arbre-Monde. Il ne vous fera plus rien.

Au fond de la pièce, la princesse — la fille du roi — se tenait là, blessée mais vivante.

Elle leva les yeux vers Luca.

— Vous… êtes venu… ?

— Toujours.

**

Dehors, un bruit sourd.

Puis un cri rauque.

Un hurlement d’agonie.

Le Logan, vaincu. Avesh, le démon de Seira, l’avait littéralement déchiqueté. Son corps n’était plus que lambeaux fumants.

Seira, couverte de suie et d’énergie, s’avança à la sortie de la grotte juste au moment où les filles s’échappaient une à une.

Elle vit Luca revenir, la princesse sur le dos, entouré d’elfes libérées.

Elle sourit. Un sourire rare, sincère.

— T’as bien fait, Luca.

Il répondit, laconique, mais franc :

— C’est notre boulot, non ?

**

Le ciel était toujours sombre.

Mais cette nuit-là, Volkiata retrouva ses filles.

Et un Logan prédateur de moins hanta le monde.

Fin du Chapitre 3.