Chapitre 14 — Aetherion, la ville qui change une vie ?

Chibaki s’arrêta devant les imposantes portes de la guilde d’Aeloria. Seul cette fois, il sentait le poids de la responsabilité sur ses épaules. Serah et Lyssaria étaient toujours chez la guérisseuse, où cette dernière travaillait d’arrache-pied à finaliser le traitement pour atténuer les symptômes de Lyssaria.

Il poussa la porte de la guilde et trouva Valen dans son bureau, occupé à examiner des documents.

— Maître Valen, dit Chibaki d’une voix déterminée, j’ai enfin la version finale du traitement préventif.

Valen leva les yeux, surpris mais vite intéressé.

— C’est une excellente nouvelle. Nous devons agir vite. Quelle est ta proposition ?

Chibaki posa devant lui un petit paquet contenant les fioles du traitement.

— Ce traitement ne guérit pas la maladie, mais il peut empêcher la contamination si on le prend régulièrement. Je propose que la guilde organise une distribution gratuite de la première livraison, à ses frais, pour que même les plus démunis aient une chance.

Valen hocha la tête, sérieux.

— C’est un geste nécessaire. Je vais mobiliser nos aventuriers et nos ressources pour assurer cette distribution. Il faut que tout le monde ait accès à ce traitement, sinon la contagion ne s’arrêtera pas.

Chibaki sentit un élan d’espoir malgré la situation critique.

— Merci, maître. Je vais aider a la distribution. Et bientôt, nous aurons une arme contre Lacroma.

Valen sourit légèrement.

— Bien. Et merci d'aider c'est sympa.

Après plusieurs heures à aider les aventuriers et volontaires à distribuer le traitement, Chibaki sentit la fatigue peser sur ses épaules. Le soleil déclinait quand il quitta la guilde, son sac désormais presque vide.

Il se dirigea vers la maison de la guérisseuse, le cœur un peu plus léger.

— Nous avons réussi à organiser une distribution gratuite pour les plus pauvres, annonça-t-il en entrant. Valen a accepté de financer la première livraison de sa poche.

La guérisseuse, absorbée dans ses fioles et herbes, leva les yeux et lui sourit doucement.

— Je m’en doutais. Valen est juste, il ne laissera pas les plus vulnérables seuls face à Lacroma. Je pense qu’il continuera à les distribuer aussi longtemps que nécessaire, même sans aide extérieure.

Quelques jours plus tard, Chibaki observa Lyssaria avec un soulagement grandissant. Le traitement atténuateur de la guérisseuse semblait porter ses fruits. Ses symptômes s’étaient apaisés, et son souffle était plus calme.

— Je crois qu’elle peut repartir avec moi, dit-il doucement. Mais nous devrons être prudents, surveiller tout signe de rechute.

Lyssaria acquiesça, un sourire timide sur les lèvres.

— Oui… je suis prête.

Le lendemain, L’aube baignait doucement la terre de ses teintes orangées lorsque Chibaki et Lyssaria prirent la route. Les rues encore silencieuses de la capitale leur offrirent un dernier moment de calme. Leurs sacs bien remplis, le regard tourné vers l’horizon, ils saluèrent une dernière fois la ville qui les avait accueillis dans l’adversité.

Chibaki jeta un dernier coup d'œil dans son sac, s’assurant que les fioles de traitement étaient bien rangées, enveloppées dans des linges pour éviter toute casse.

— On a de quoi tenir plusieurs mois, confirme-il, plus pour lui-même que pour Lyz.

Ils firent un dernier détour par la maison de la guérisseuse. Serah et la vieille femme les attendaient déjà devant la porte. Les adieux furent sobres, mais sincères. Chibaki serra la main de Serah, la remerciant pour son aide et sa loyauté, puis salua la guérisseuse avec respect.

Serah tendit alors à Lyssaria un petit objet enveloppé dans un tissu bleu foncé.

— Tiens, dit-elle avec un sourire discret. C’est pour toi.

Lyssaria défit délicatement le tissu. À l’intérieur, un talisman aux reflets irisés, semblant fait de pierre noire veinée d'argent. Il émettait une étrange chaleur, comme s’il était vivant.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Lyz, intriguée.

— Tu le sauras… le jour où tu en auras besoin, répondit Serah, énigmatique.

Lyssaria serra l’objet contre son cœur.

— Merci, Serah. Je m’en souviendrai.

Ils échangèrent un dernier regard. Puis, sans un mot de plus, Chibaki et Lyssaria tournèrent les talons et s’en allèrent.

La journée fut longue, rythmée par le chant des oiseaux et le bruit régulier de leurs pas dans l’herbe. Ils évitèrent les routes principales, traversant plaines et sentiers escarpés, discutant peu mais marchant côte à côte, dans une harmonie silencieuse.

Le soir venu, ils s’installèrent non loin d’une petite rivière. Chibaki alluma un feu tandis que Lyssaria préparait de quoi manger. Les flammes dansaient doucement, projetant des ombres vacillantes sur leurs visages fatigués.

Ils mangèrent en silence. Puis, Lyssaria leva soudainement les yeux vers Chibaki.

— Tu te souviens… du jour où tu m’as demandé pourquoi les elfes étaient autant discriminés ?

— Oui, répondit Chibaki, reposant son bol. Pourquoi ?

— Ce jour-là… je n’ai pas pu te répondre. Et je crois que maintenant, je peux te dire pourquoi.

Elle hésita un instant, cherchant ses mots.

— C’est parce que… je ne m’en souviens pas. Rien, Chibaki. Je n’ai aucun souvenir d’avant notre rencontre. Je ne sais pas d’où je viens, qui j’étais… Je ne sais même pas mon vrai âge. Je sais juste que… le jour où je t’ai vu, c’est comme si je renaissais.

Chibaki resta figé, les yeux écarquillés. Il ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit.

— Mais tu sais quoi ? reprit elle, avec un sourire doux. Tant que je suis avec toi, Chiba, je n’ai pas besoin de m’en souvenir. Toi, tu m’acceptes comme je suis. Et c’est tout ce qui compte à mes yeux.

Elle posa sa main sur la sienne. Chibaki l’observa, ému, puis lui sourit à son tour.

— Tant que je suis avec toi, rien d’autre n’importe non plus, Lyz.

Ils restèrent là, main dans la main, silencieux, à regarder les étoiles briller au-dessus de leur campement.

La discussion s’éteignit peu à peu, comme les braises du feu de camp. Lyssaria s’endormit la première, paisible, lovée dans sa couverture. Chibaki, lui, restait assis, le dos contre un tronc, les yeux levés vers les étoiles.

Le silence de la nuit n’était troublé que par les grillons, et le murmure du vent dans les feuilles. Il tourna la tête vers Lyssaria, dont la respiration calme et régulière l’apaisa peu à peu.

Il sourit tendrement.

— Bonne nuit, Lyz.

Puis, il s’étendit à son tour, et s’endormit, le cœur apaisé.

Une semaine plus tard.

Après des jours de marche à travers forêts, chemins de terre et quelques rivières, Chibaki et Lyssaria aperçurent enfin un petit village niché entre deux collines. Un hameau modeste, mais accueillant, avec des toits de chaume, des jardins bien entretenus et l’odeur du pain chaud flottant dans l’air.

Les villageois semblaient vivre paisiblement, loin du tumulte des grandes cités. Ce calme donna envie au duo de s’y arrêter quelques jours.

— On pourrait refaire les provisions ici, proposa Chibaki. Et laisser un peu de repos à tes jambes.

— Je veux bien, répondit Lyssaria avec un sourire reconnaissant. Cet endroit me semble… serein.

Ils passèrent les portes en bois du village, salués par quelques habitants curieux mais bienveillants.

Chibaki et Lyssaria franchirent les premières maisons de Silvéria alors que le soleil amorçait sa descente vers l’horizon. Le petit village paraissait paisible, presque trop tranquille pour être réel. Les rues étaient propres, les habitations bien entretenues, et une douce brise faisait danser les lanternes suspendues au-dessus des ruelles.

« On dirait un tableau vivant… » murmura Lyssaria, les yeux brillants.

Juste en face d’eux, un large bâtiment en bois sculpté affichait fièrement une enseigne gravée : "Auberge des Murmures". Par chance — ou simple destin — c'était le premier édifice visible à leur arrivée.

« Ça tombe bien, on n’aura pas à chercher longtemps. » sourit Chibaki en poussant la porte.

L’intérieur dégageait une chaleur accueillante. Une femme d’une quarantaine d’années, à l’allure maternelle, les accueillit derrière un petit comptoir en bois ciré.

« Une chambre pour deux ? » demanda-t-elle avec un accent chantant.

« Oui, si possible. » répondit Chibaki.

Elle hocha la tête avec un léger sourire. « Vous arrivez tard. Il ne reste qu’une seule chambre… avec un lit double. »

Chibaki cligna des yeux, puis haussa les épaules. « Ça ira. »

À côté de lui, Lyssaria écarquilla brièvement les yeux, un léger rose colorant ses joues. Elle ne dit rien, se contentant d’hocher la tête doucement. L’hôtesse leur tendit la clé.

Une fois dans la chambre, ils déposèrent leurs sacs. La pièce était simple, mais charmante, avec un lit spacieux recouvert d’une couverture moelleuse couleur crème. Lyssaria resta un instant debout, pensive, puis se détourna vers la fenêtre sans rien dire.

« On va faire un tour ? On doit refaire nos provisions. » proposa Chibaki.

Elle accepta d’un signe de tête, et ils sortirent dans la lumière dorée du soir.

Ils trouvèrent rapidement une petite boutique aux étals bien fournis. À leur grande surprise, tout était affiché à un prix ridiculement bas — presque trois fois moins cher que ce qu’ils avaient l’habitude de voir, même pour des produits de qualité.

Chibaki fronça les sourcils en consultant les étiquettes. « C’est pas normal. Tout est trop bon marché. »

« Tu crois que c’est un piège ? » demanda Lyssaria à voix basse.

« Non… les produits ont l’air frais, et les autres clients n’ont pas l’air inquiets. »

Il observa les rues en sortant de la boutique, remarquant une organisation parfaite dans la façon dont les gens circulaient, les maisons bien entretenues, l’absence totale de gardes.

« À mon avis, ce village est vraiment pauvre, mais... tout est trop propre, trop bien géré. » réfléchit il à voix haute. « Soit c’est un miracle... soit quelqu’un veille à ce que tout fonctionne dans l’ombre. »

Le soleil de midi baignait les abords du village de Silvéria alors que Chibaki et Lyssaria achevaient leur entraînement quotidien. Essoufflée, Lyssaria avala une pilule que la guérisseuse leur avait confiée pour atténuer ses symptômes. Chibaki rangea ses armes, puis ils se dirigèrent tranquillement vers le village.

Sur le chemin de l’auberge, une foule compacte attira leur attention. Curieux, ils s’approchèrent et découvrirent un petit estrade dressée au centre de la place principale. Sur une banderole flottait un nom en lettres dorées : « AETHERION ». Un homme se tenait debout, tenant en main un objet étrange, un tube noir muni d’une grille métallique — un artefact inconnu des deux aventuriers.

L’homme leva la voix, qui se répercuta avec clarté dans toute la foule grâce à cet objet mystérieux.

« Citoyens de Silvéria ! Je vous annonce aujourd’hui une découverte qui peut changer votre vie à tout jamais. Au-delà de cette mer sans fin qui borde ces terres, existe un continent vaste, nommé Aetherion. Là-bas, les villes brillent d’une technologie que vous n’auriez jamais pu imaginer. »

Il leva l’artefact à nouveau, qui amplifia son timbre vocal.

« Voici un appareil appelé ‘microphone’. Il transmet le son sans nécessiter la moindre source de magie, uniquement grâce à l’électricité ! »

Un murmure stupéfait parcourut la foule. Pour beaucoup, l’électricité était un concept aussi lointain et abstrait que la magie elle-même. La promesse d’une science si avancée semblait irréelle.

« J’invite quiconque souhaite quitter ces terres à m’accompagner pour rejoindre la capitale d’Aetherion. Un monde nouveau vous attend, pour ceux qui oseront faire ce pas. »

Certains habitants, méfiants, échangèrent des regards inquiets. Des escroqueries avaient déjà eu lieu par le passé, et la peur d’un nouvel exploit flottait dans l’air.

Mais Lyssaria, les yeux brillants d’émerveillement, serra doucement la main de Chibaki. Pour elle, ce discours résonnait comme une promesse de réponses, peut-être même d’un avenir.

Chibaki, lui, restait bouche bée devant la scène, partagé entre fascination et prudence.

La foule se dispersa peu à peu, chacun reprenant ses activités quotidiennes. Chibaki et Lyssaria, intrigués, s’approchèrent de l’homme qui tenait l’étrange artefact. Ce dernier les regarda avec un sourire calme.

« Je m’appelle Élias Moreau, » se présente-t-il d’une voix posée. « Je suis envoyé de la capitale d’Aetherion. »

Chibaki et Lyssaria se présentèrent à leur tour, curieux.

« Ce que vous avez dit tout à l’heure... est-ce vraiment vrai ? » demanda Lyssaria, les yeux brillants d’espoir.

Élias hocha la tête. « Oui. Au-delà de cette mer infinie se trouve Aetherion, une cité immense et technologiquement avancée. Nos rues sont éclairées par des lampes qui ne demandent ni magie ni myuki, seulement de l’électricité. Les transports sont rapides, efficaces. Notre médecine a fait des progrès que vous ne pouvez imaginer. Ce micro » — il montra l’appareil dans sa main — « fonctionne grâce à un système électrique, permettant à la voix de porter loin sans efforts. C’est une innovation majeure pour communiquer, et bien d’autres technologies sont à votre portée. »

Chibaki et Lyssaria échangèrent un regard, convaincus par son discours.

Soudain, une voix enthousiaste retentit derrière eux.

« Wow, ça a l’air génial, je peux venir aussi ? »

Un garçon d’environ treize ans se tenait là, les yeux brillants d’excitation.

« Je m’appelle Hugo, » ajouta-t-il avec un grand sourire.

Après s’être présenté, Hugo ne put s’empêcher de redemander avec enthousiasme :

« Je peux venir avec vous ? Vraiment ? »

Chibaki chercha instinctivement le regard de Lyssaria, hésitant à répondre. Lyssaria, d’abord prise de panique par cette proposition soudaine, prit une profonde inspiration et hocha doucement la tête vers Chibaki, lui signifiant silencieusement qu’elle acceptait.

Hugo éclata de joie et commença à sautiller sur place, son sourire illuminant son visage.

Chibaki l’interrompit doucement, un sourire amusé aux lèvres :

« Mais dis-moi, Hugo, tes parents sont d’accord au moins ? »

Sans arrêter de sourire ni de bouger, Hugo répondit d’une voix claire :

« Je n’ai jamais eu de parents, je vis ici toute seule depuis toujours ! »

Le garçon se calma un peu, reprenant son souffle. Chibaki lui proposa alors :

« Viens, on va manger à l’auberge, comme ça on pourra apprendre à mieux se connaître. »

Sur le chemin, Lyssaria demanda discrètement à Chibaki :

« Tu pourrais demander une chambre supplémentaire ? Ca me gene un peu de le demander comme ca »

Chibaki lui lança un sourire complice, comprenant parfaitement son message, et répondit sans hésiter :

« Pas de souci, je m’en occupe. Et j'allais le faire même sans que tu demande. »

Arrivés à l’auberge, ils prirent place à table, chibaki et Lyssaria, après avoir commander a manger, vont a la reception pour demander une chambre supplémentaire, chibaki donne ensuite la clé a Lyssaria qui lui sourit et le remercie.

ils retournent a table pour manger avec Hugo, mais celui ci avait déjà bien commencer son repas, on aurait dit qu'il était affamé, 

Chibaki s’installa à table. Il lança un sourire encourageant à Hugo.

Chibaki :

« Alors Hugo, dis-moi… si tu devais choisir un super pouvoir pour notre voyage, ce serait quoi ? »

Hugo s’arrêta de mâcher, les yeux brillant d’enthousiasme. Il réfléchit un instant, tapotant le bout de la fourchette contre la table.

Hugo :

« Oh, facile ! J’aimerais pouvoir courir super vite, comme le vent. Comme ça, je pourrais explorer plein d’endroits, voir tout ce qui se cache derrière les montagnes, et arriver toujours avant tout le monde ! »

Lyssaria sourit en l’écoutant, ravie de voir l’enthousiasme du garçon.

Lyssaria :

« C’est un beau rêve, Hugo. Je suis sûre que tu iras très loin avec ce genre d’énergie. »

Chibaki hocha la tête en posant son regard sur Hugo.

Chibaki :

« Courir vite, hein ? Ça pourrait bien nous servir, surtout si on doit se sortir de situations difficiles. T’as déjà essayé de courir vraiment vite ? »

Hugo éclata de rire.

Hugo :

« Pas encore, mais j’entraîne mes jambes tous les jours ! Je veux être prêt quand l’aventure commencera vraiment. »

Chibaki sourit, sentant qu’ils allaient bien s’entendre.

Chibaki :

« Alors bienvenue dans l’équipe, Hugo. On va faire en sorte que ce voyage vers Aetherion soit inoubliable. »