Une autre option

Plus tard dans la nuit. Gymnase vide.

Dante cognait dans un sac de frappe à coups puissant et régulier.

Il transpirait, haletait, les jointures rouges. Il ne comptait plus depuis combien de temps il frappait.

Celia sortit de l'ombre, un sweat jeté sur les épaules, une bouteille d'eau dans la main.

- Tu comptes continuer jusqu'à l'épuisement ou jusqu'à t'ouvrir les phalanges ?

Il ne répondit pas. Un coup. Puis un autre.

- Tu te venge de ta raclé de tout à l'heure sur ce pauvre sac ?

Il grogna.

- Non, j'en ai rien à faire de ça. Alphonse est fort. Très fort. Maintenant je le sais.

- C'était pas très glorieux, ce que t'as dit à Horizon ce matin.

Dante se raidi.

- C'était pas censé l'être.

- Tu l'as humiliée.

Dante s'arrêta. Un soupir bref. Il s'adossa au sac, le souffle un peu plus lourd.

- Elle n'a rien à faire ici. Elle n'est pas faite pour ça. Et pourtant... tout le monde la protège.

Il se redressa, les mâchoires contractées.

- Elle est faible. Elle tombe,elle plie sous les coups. Et malgré ça, on lui sourit. On l'aide. On lui ouvre les portes.

Il marqua une pause, les yeux dans le vide.

- Moi, j'ai jamais eu ça.

Célia s'adossa contre le mur, silencieuse.

- À la mort de ses parents, elle a été recueillie par le docteur Vance et sa fille parfaite.

Il ricana, sans joie.

- Tu crois qu'on m'a recueilli, moi après le drame ? Non ! J'ai passé ma vie à me battre pour qu'on me voie. Pour mériter chaque foutu point au classement. Personne n'a jamais veillé sur moi.

Il se releva péniblement et frappa à nouveau, plus fort cette fois.

Un seul coup. Sec. Rageur.

- Et elle... elle arrive là, avec sa blouse et ses phrases bien tournées, et on la traite comme une survivante. Une héroïne en devenir. Alors qu'elle n'a jamais levé le poing.

Célia observa, sans rien dire. Puis :

- Peut-être que c'est justement ça, sa force.

Il la fusilla du regard. Mais elle ne bougea pas.

- Elle reste. Elle encaisse. Elle sait qu'elle ne vous ressemble pas, mais elle continue. Moi j'appelle pas ça de la faiblesse.

Un silence.

Long.

Puis Dante baissa les yeux.

- Peut-être. Mais c'est pas juste.

- Non, admit Célia.

- Mais c'est comme ça.

Elle lui lança une serviette.

- T'as assez cogné. Va dormir. T'as gagné tes autres combat aujourd'hui, mais c'est pas une raison pour t'épuiser bêtement. La sélection n'est pas terminée

Dante attrapa la serviette sans répondre. Il s'assit lourdement sur le banc, la tête entre les mains.

Célia se détourna fit quelques pas vers la sortie avant de déclarer:

-Toi aussi tu as du merite. Tu es fort et plus intelligent que ce que tu veux faire croire. Moi je le vois.

Et peut être que les gens s'en rendraient compte si tu arrêtais un peu de te comporter comme un connard.

Puis elle s'en alla.

Il resta là un moment. Le sac immobile devant lui. Il ne frappa plus.

Le lendemain.

L'infirmerie résonnait d'un silence mécanique. Seuls les bips discrets des moniteurs médicaux troublaient le silence.

Horizon, allongée sur un lit médicalisé gardait les yeux clos, le médecin avait expliqué à ses amis qu'ils l'avaient endormie le temps que les nanorobot facent leur travail. Car cette étape bien que rapide et sans danger restait extrêmement pénible pour le patient.

la jambe d' Horizon don le genou était fracturé, était immobilisée dans une cuve transparente et reposait dans Un liquide trouble, c'était ce liquide qui contenait les nanorobots, qui, programmé en amont, ressoudaient l'os et reparaient muscles, chairs et tendons.

Alice, assise à son chevet, fixait le sol sans le voir. Sa mâchoire était serrée, les poings crispés sur ses genoux. Alphonse tournait en rond dans la pièce, jetant régulièrement un regard vers la porte vitrée comme s'il s'attendait à ce que quelqu'un surgisse d'un moment à l'autre.

- Elle va s'en sortir, murmura-t-il. C'est juste une fracture. Dans quelques jours ça sera de l'histoire ancienne.

- Oui... mais elle ne pourra plus continuer l'entraînement, répondit Alice d'un ton plat. Peut être même qu'elle sera recalée.

Alphonse s'arrêta, soupira et croisa les bras.

- On devrait annuler. Repousser l'exploration de l'épave.

- On ne peut pas. On a déjà enclenché la manœuvre de freinage avec Nova. L'épave sera à portée dans moins de soixante-douze heures.

Alice leva les yeux, croisa le regard inquiet d'Alphonse.

- Et on ne peut pas y aller sans elle, c'est trop dangereux.

Une voix familière les interrompit.

- Vous aurez peut-être une autre option.

Célia venait d'apparaître dans l'embrasure de la porte. Son ton était neutre, mais ses yeux brillaient d'une curiosité froide. Elle s'avança dans la pièce sans y être invitée et jeta un bref coup d'œil à Horizon.

- Je savais qu'il y avait quelque chose. Vos absences, vos scores parfaits, vos allers-retours constants vers le secteur scientifique... Je ne suis pas stupide.

Alphonse grimaça, prêt à répliquer, mais Alice leva la main.

- Qu'est-ce que tu veux, Célia ?

Célia s'approcha lentement, s'accroupit près du lit et observa Horizon quelques secondes.

- Je veux savoir ce que vous préparez. Et surtout... je veux en faire partie.

Un silence tendu s'installa.

- Tu veux quoi ? s'étrangla Alphonse.

- Vous pensez vraiment que vous êtes les seuls à comprendre ce qui se joue ici ? Les autres aspirants sont focalisés sur les sélections. Moi, je vois plus loin. J'ai vu les relevés du système de navigation. Quelque chose ralentit notre course, même si c'est presque imperceptible. Et quelque chose me dit que vous y êtes mêlé.

Vous cachez quelque chose, et si je peux le voir... d'autres le peuvent aussi.

Alice et Alphonse échangèrent un regard.

- On ne peut pas juste te faire confiance, souffla Alphonse.

- Je m'en fiche de votre confiance, répondit-elle froidement. Je ne vous dénoncerai pas, mais je veux la vérité.

Un souffle électronique se fit entendre. Nova venait d'apparaître, projetée à l'extrémité du lit d'Horizon.

- Bonjour, Célia Thorn. Votre perspicacité est à la hauteur de votre réputation.

Célia ne sursauta pas, mais elle blêmit légèrement.

- L'IA du vaisseau...

- Correction. Je suis Nova Prime, version avancée de l'unité Nova. Jusqu'ici, mes interactions ont été limitées, mais je suis responsable de l'opération que vous tentez de dévoiler.

Elle tourna lentement la tête vers Alice.

- Il est peut-être temps de l'inclure, non ?

Alice fronça les sourcils.

- Tu penses qu'on peut lui faire confiance ?

Nova inclina la tête.

- Elle est compétente. Méfiante, certes, mais elle partage votre objectif : percer la vérité. Et... il est impératif que vous ne soyez pas seulement deux pour cette mission.

Célia croisa les bras.

- Je suis partante. Mais j'exige d'être au courant de tout.

Un silence. Puis Alice hocha la tête.

Ils lui raconterent tout ce qu'ils savaient.

- Alors tu viens avec nous.

Nova fit apparaître une projection : une nouvelle carte, mise à jour, avec les données récentes de décélération.

- Préparez-vous. Le départ est maintenu à 03:12 dans trois jours. D'ici là, nous devons configurer la combinaison de Célia, adapter les circuits d'oxygène et comencer les simulations d'entraînement.

Elle marqua une pause.

- Et nous devons également terminer l'analyse des relevés thermiques de l'épave. Le signal persiste. Quelque chose - ou quelqu'un - est encore en vie là-bas.