Chapitre 30 – Le Chuchotement du Diable
Élisabeth se tourna vers la voix, son expression vacillant entre confusion et suspicion. Comment avait-il pu s'approcher sans qu'elle ne s'en aperçoive ?
Le sourire de Noah resta intact—relaxé, illisible.
« Que fais-tu ici seule ? » demanda-t-il, d'une voix détendue, curieuse. « Je pensais que tu étais toujours collée à Elijah. »
Élisabeth ne répondit pas immédiatement. Son regard retourna vers le champ de bataille en contrebas. Carnage en mouvement. C'était presque fini.
Sa voix était douce, presque perdue dans le vent. « Certains viendront défier l'Élu. Et je ne suis pas une combattante... alors je me suis éloignée. Je ne voulais pas le distraire. »
Noah hocha lentement la tête, s'approchant. « Et toi alors ? » La Sainte dit, « Pourquoi la Princesse n'est-elle pas collée à toi ? »
Élisabeth se retourna vers lui, un demi-sourire aux lèvres. « J'ai été surprise de vous voir ensemble, pour être honnête. La dernière fois que j'ai entendu, l'Empereur rompait tes fiançailles et donnait sa fille à Elijah. »
Elle inclina la tête, sa voix moqueuse. « Alors dis-moi—comment as-tu réussi à la faire rester ? Je suis sûre qu'elle ne dirait pas non à être la femme de l'élu d'un dieu. »
Noah ricana. « Eh bien, comment pourrais-je laisser mon amour d'enfance épouser un autre ? Je veux dire—ne suis-je pas aussi un titulaire de rang SSS ? »
Élisabeth rit, mais ce n'était pas un rire gentil. « Oui, tu l'es. Mais soyons honnêtes ici, Noah. Tu ne fais pas le poids face à Elijah. »
Sa voix baissa, devenant presque sincère. « Pourtant... merci. C'est une fille de moins à craindre. »
Noah leva un sourcil. « Une de moins, hein ? Donc même toi tu sais combien viendront à lui ? »
« N'es-tu pas jalouse ? » ajouta-t-il.
Le sourire d'Élisabeth disparut. Sa voix devint ferme, tranchante comme un rasoir. « Que veux-tu, Noah ? Arrête de tourner autour du pot. Dis ce que tu veux dire. »
L'expression de Noah ne changea pas, mais quelque chose scintilla dans ses yeux.
« Tu es la Sainte. Il est le messager de ta déesse. N'est-ce pas le couple parfait ? Je veux juste voir ça se réaliser. »
Élisabeth se figea. « Quoi ? »
« Tu m'as entendu, » répondit Noah, sa voix légère mais teintée de quelque chose de plus sombre. « J'ai réfléchi à ce qui pourrait arriver. »
Élisabeth le fixait, les sourcils froncés. « Que veux-tu dire ? »
Le sourire de Noah se crispa—connaisseur. Dangereux.
Élisabeth demanda, « Comment ? » Son expression s'aiguisa, sérieuse maintenant.
Noah sourit intérieurement.
Élisabeth Lightcross.
Une des protagonistes féminines. Et sans aucun doute… la plus effrayante d'entre elles.
Calme. Composée. Gracieuse. Mais c'était le problème. C'était ce qui la rendait dangereuse.
Une Yandere avec le contrôle de ses émotions—y a-t-il quelque chose de plus terrifiant ?
Même sa mère, une Yandere certifiée à part entière, ne pouvait y parvenir. Autour de lui, ses émotions glissaient toujours. Mais Élisabeth ?
Élisabeth souriait tout en calculant comment te tuer. Elle ne craquait pas. Elle planifiait.
Mais ce n'est pas surprenant, avec un talent comme le sien, comment pourrait-elle être normale ?
Pourtant, cela fonctionnait. Elle avait toujours retenu au début de l'histoire—toujours prudente, toujours retenue.
Mais Noah n'avait pas l'intention d'attendre qu'elle s'épanouisse.
Il voulait voir le jardin brûler.
« La question n'est-elle pas simple ? » dit-il à haute voix. « Ne me dis pas que tu n'as jamais envisagé une telle option auparavant. »
Élisabeth le regarda, perplexe. « Quelle option ? »
Noah sourit, doux et maladivement sucré. « Bien sûr—de tuer les femmes qui lui sont proches. Quoi d'autre ? »
Frisson.
Élisabeth sursauta—pas de peur, mais de cette sensation écœurante d'être vue. Une partie d'elle qu'elle avait enterrée, exposée par quelqu'un qui ne devrait pas savoir qu'elle existe.
Noah se pencha, sa voix se baissant à un murmure.
« Ne me regarde pas comme ça. Les autres ne le savent peut-être pas, mais moi oui. Je sais qui tu es, Sainte. »
Il s'approcha encore plus, à quelques centimètres de son visage.
« Je sais comment tu penses à chaque méthode pour les tuer—propre, silencieuse, précise. Mais tu t'arrêtes. Chaque fois. À cause de lui. À cause de la peur. »
« Parce que si Elijah voyait ce côté de toi… il s'enfuirait. »
Sa voix se glissa dans ses oreilles comme un poison.
« Ne te retiens pas. Parce que si tu le fais, tu le perdras. Tu connais Elijah, n'est-ce pas ? Il est lubrique. Il ne s'arrêtera pas de collectionner des femmes. »
« Alors pourquoi— »
"Tais-toi !!!" Élisabeth claqua, voix aigüe et forte.
Mais le chaos du champ de bataille l'étouffa, et avec la barrière sonore invisible de Noah en place, personne ne remarqua.
Elle le fixa, tremblant de fureur.
"Je ne sais pas ce que tu essaies de faire," dit-elle, voix serrée, "mais arrête. Maintenant."
"Je ne ferai rien qui pourrait compromettre le bonheur d'Elijah. Tu m'entends ?"
Le sourire de Noah resta. Calme. Sournois.
"Même si cela signifie sacrifier le tien ?"
"Oui. Absolument."
Aucune hésitation.
Noah inclina la tête. "Tu es sûr ? Avec un rang SSS, tu vivras très, très longtemps. Es-tu prêt à souffrir en silence pour l'éternité ?"
Élisabeth s'arrêta.
Noah se détourna et s'éloigna, sa voix traînant comme une ombre derrière lui.
"L'éternité dans l'agonie… C'est ce que tu as choisi."
Il disparut dans la fumée et le sang du champ de bataille, son aura de Filou le dissimulant de tous les yeux.
"Pourquoi ne pas utiliser tes yeux ?" sa voix résonna faiblement. "Regarde dans l'avenir d'Elijah. Vois-le par toi-même."
"Yeux de Révélation, non ? Quel talent épouvantable…"
Parti.
Élisabeth resta immobile, respiration superficielle. L'écho de cette conversation tourna interminablement dans sa tête.
L'éternité dans l'agonie… L'éternité dans l'agonie…
Elle répétait les mots à voix basse. Ses mains tremblaient. Ses lèvres frémissaient.
Mais elle ne céda pas.
Elle ne capitulerait pas.
…
En bas, le champ de bataille avait commencé à se calmer.
L'air, autrefois lourd d'intentions meurtrières, était maintenant lourd de lassitude.
Seuls les forts restaient. Les désespérés. Les survivants. Et dans une compréhension mutuelle, ils arrêtèrent. Trop fatigués, trop prudents, trop peu nombreux.
Sauf deux.
Rouge et Malrik refusèrent de s'arrêter—perdus dans l'exaltation du combat, encore en train de frapper avec soif de sang et joie.
Mais Elijah est tellement fort que Malrik réussit à peine à le toucher.
Mais la voix de Damon revint. Calme. Froid. Final.
"Ça suffit. Le test se termine ici."
"Nombre de participants restants : quatre-vingts."
Sophie recula, le sang dégoulinant de son front. Son corps était une toile de blessures. Dans sa main, une lance de foudre rouge scintillait et crépitait.
Elle respirait lourdement, vision brouillée, mais ses yeux se verrouillèrent sur la silhouette devant elle.
"Es-tu immortelle ou quoi ?" elle siffla.
Rouge se tenait en face d'elle, corps mutilé et déchiré. Sa régénération ralentissait. Même elle avait des limites. Mais le sourire sur son visage n'avait pas disparu.
"Princesse," Rouge dit, le sang coulant de son menton, "soyons amies, d'accord ?"
Elle leva une main comme si elles venaient de terminer le thé.
"Et combattons chaque jour."
Sophie la regarda comme si elle voyait une patiente mentale fraîchement échappée de l'asile.
Et pour la première fois de sa vie royale—
"Va te faire foutre, Rouge."
Elle jura.
La princesse jura.
—Fin du Chapitre 30—