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La Nature Dorée.

Il y a des siècles, c’était un clan bien connu, dont les descendants étaient très versés dans les arts martiaux, et le clan lui-même accueillait l’un des meilleurs marchés du monde.

Lorsque la première Porte des Démons apparut dans le monde, le Poing de Fer, Yeon Il-Cheon — le Seigneur de la Nature Dorée à l’époque — joua un rôle majeur dans l’arrêt des monstres.

Durant cette époque, le Clan contrôlait entièrement l’économie mondiale, et tous les Zeniths du monde descendaient de ce clan.

Bien qu’il semblait qu’ils allaient conserver leur position de leader dans le monde, leur histoire se termina peu après.

Un désastre sanglant.

La Nature Dorée s’effondra en un instant à cause d’un désastre sanglant soudain.

Le chef du culte du sang à l’époque, le Roi Sanglant, provoqua un désastre qui engloutit le monde, le transformant en un carnage pendant un certain temps.

Bien sûr, à la fin, le Roi Sanglant fut vaincu et le désastre stoppé, mais dans le processus, d’innombrables clans furent détruits et effacés de l’existence.

La Nature Dorée fut l’un d’eux.

Le clan connu pour être celui des Zeniths fut effacé sans laisser la moindre trace.

Personne ne savait exactement ce que le Roi Sanglant avait fait, ni ce qu’il s’était passé pour qu’ils soient effacés d’une manière aussi humiliante.

Peu d’écrits furent rédigés à ce sujet, et les gens évitaient d’essayer d’enquêter.

À quoi bon connaître un désastre qui s’est produit il y a des siècles ?

Quoi qu’il en soit, le point principal ici était que la Nature Dorée avait en réalité réussi à laisser une trace avant d’être détruite.

Un coffre secret.

Le clan Tang l’avait découvert dans ma vie précédente.

Beaucoup supposaient que ce coffre secret avait une grande valeur, considérant qu’il venait du meilleur clan de l’époque.

Il y eut des combats et des disputes pour savoir qui en prendrait possession, et au final, il échoua entre les mains du clan Gaecheon.

Ils ne dirent pas grand-chose sur le contenu du coffre, mais le chef du clan, qui était au niveau de pointe à l’époque, monta soudainement au rang de fusion.

Mais si jamais le coffre ne contenait vraiment rien ?

Alors il ne contient rien, j’imagine.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit vide, mais ne rien faire représentait tout de même un risque.

Je ne pouvais même pas être certain de pouvoir retrouver ce coffre, et je n’avais que trois jours devant moi.

J’avais réussi, par chance, à ne pas perdre de temps à l’Exposition Militaire, mais ça ne signifiait pas pour autant que j’avais du temps en trop.

« …Bordel, cet endroit est immense. »

La veille, j’avais trouvé une excuse, disant que je ne pouvais pas me montrer à l’événement, considérant le grabuge que j’avais causé.

Et j’étais parti en laissant simplement une lettre à mes escortes, en pleine nuit.

Je leur avais dit que je reviendrais dans trois ou quatre jours environ, qu’ils devaient quitter le clan Tang et retourner en ville, celle où nous étions déjà allés.

Bien sûr, Muyeon serait anéanti en lisant la lettre, mais je n’avais pas le choix. Nous avions décidé que nous aurions des ennuis tous les deux après.

Enfin, pour être précis, c’est moi qui avais décidé ça tout seul…

Après avoir marché et couru pendant deux heures, j’arrivai à l’endroit où la Nature Dorée se trouvait autrefois, en pleine montagne.

L’endroit était situé entre le clan Tang et le clan Gaecheon, il était donc logique qu’ils se soient disputés.

C’était une petite montagne, mais pour chercher un coffre secret seul, elle était bien trop grande.

« Pff… J’ai l’impression que quelques jours ne suffiront pas. »

« Vrai ? C’est immense ! »

« Je sais, c’est fou, non ? Comment suis-je censé fouiller tout ça tout seul… ? »

« Je suis d’accord ! Et j’ai faim ! »

« Oui… Peut-être que je devrais juste rentrer et manger des ravi… »

…Hein ?

Je me tournai vers la voix que je n’aurais pas dû entendre, et dans la direction de mon regard se trouvait Wi Seol-Ah.

Elle était couverte de feuilles, allez savoir pourquoi.

Wi Seol-Ah pencha la tête, confuse, alors que je la fixais, stupéfait.

Une feuille qui était restée collée sur sa tête tomba au sol avec le mouvement.

« Toi… Toi… »

« Oui ? »

« Qu’est-ce que tu fais làààààà !? »

La montagne résonna avec ma voix.

__________

Les raviolis, c’est délicieux.

Je l’ai toujours pensé, même dans ma vie précédente. Ce n’est pas cher, mais plein de viande à l’intérieur, et la pâte est tendre et moelleuse.

Il existait une petite version du ravioli, mais j’avais toujours préféré la grande. C’était bon, chaud ou froid.

Délicieux dans une soupe, ou frit.

Ah, quel aliment parfait.

Je n’ai jamais pensé de ma vie que les raviolis pouvaient être mauvais.

« Jeune Maître, tu ne manges pas ? »

Sauf maintenant.

« …Toi, comment tu m’as suivi jusqu’ici ? »

Après tous mes efforts à grimper cette montagne, j’avais fini par me rendre dans la ville la plus proche.

C’était parce que je me sentais obligé de la nourrir, puisqu’elle disait qu’elle avait faim.

Ma tête me faisait encore plus mal à mesure que je la regardais manger, ainsi que les plats qui s’accumulaient.

…Combien de bols de nouilles ça fait ?

J’en suis à mon troisième ravioli, et elle en est à un, deux, trois… quatre…

Arrêtons là.

J’ai arrêté de compter de peur du nombre.

« Depuis quand tu me suis ? »

Wi Seol-Ah me répondit tout en dévorant son repas.

« Tout à l’heurenom… Je t’ai vunom… »

« Laisse tomber, parle quand tu auras fini… »

Ses joues allaient exploser.

Comment fait-elle pour contenir tout ça ?

Wi Seol-Ah finit enfin par tout avaler.

« J’ai vu le Jeune Maître sortir en douce ce matin ! »

« …Comment ? »

J’avais évité le regard des escortes actives le matin, et j’avais répété un cycle de marche et de course pendant des heures.

J’avais même utilisé mon Qion de temps à autre sur le chemin.

Laissons de côté le fait que je ne l’ai pas remarquée me suivre…

Comment diable a-t-elle pu me suivre !?

Alors que moi-même j’étais essoufflé à l’arrivée à cause de mon manque d’endurance…

« Jeune Maître, tu avais l’air de mourir sur le chemin, mais je trouvais ça drôle alors je t’ai observé ! »

« …Euh ouais, merci. »

Même avec une quantité ridicule de Qi et un corps pas encore entraîné,

Je restais un artiste martial possédant du Qi.

Il était impossible qu’une personne normale comme la Wi Seol-Ah actuelle me suive jusqu’ici.

Mais alors, comment ?

Je l’avais vue fatiguée après des corvées,

Et je l’avais vue porter des choses lourdes que même des hommes auraient du mal à soulever,

…Attends, peut-être que c’est pas normal en premier lieu.

Le futur Zenith est-il bâti différemment dès la naissance ?

Mais même ainsi, c’est trop étrange.

« Tu as vraiment couru jusqu’ici ? »

Wi Seol-Ah se retourna à ma question.

Je suivis son regard, mais il n’y avait que des chaises vides et une table.

« Je t’ai juste suivi ! »

La réponse de Wi Seol-Ah me fit me masser les tempes ; je sentais mon mal de crâne empirer…

Comment allais-je la renvoyer ?

Rien ne garantissait qu’elle connaisse le chemin du retour, et même si elle revenait au clan Tang, rien ne garantissait que notre équipe y soit encore.

Mais je ne pouvais pas non plus la ramener moi-même.

Et il était dangereux de la laisser repartir seule, à cause de sa beauté ; je craignais qu’il lui arrive quelque chose.

Le Sichuan n’était pas vraiment un endroit paisible, après tout.

Pas que j’aie le droit de juger, vu que j’ai fui moi-même.

« Mais pourquoi tu m’as suivie ici !? C’est dangereux ! »

Wi Seol-Ah sursauta à mes cris.

« Je suis désolée… Jeune Maître, tu avais l’air de partir loin… Alors je t’ai suivi parce que j’étais inquiète. »

À vrai dire, j’étais moi aussi pathétique.

Même avec ma misérable quantité de Qi, j’aurais dû remarquer qu’elle me suivait.

Je mérite de me faire poignarder dans le dos.

Ai-je trop baissé ma garde parce que le monde était en paix ?

Je pensais rester vigilant depuis que j’étais au Sichuan, mais apparemment ce n’était pas suffisant.

Haa… Que faire ? Je n’ai pas beaucoup de temps.

Puis-je chercher le coffre avec elle ? Ce serait trop risqué.

Je peux à peine m’occuper de moi, alors est-ce que je peux vraiment emmener Wi Seol-Ah ?

…Peut-être que je devrais juste retourner au clan Tang après tout ? Peut-être que ce serait mieux de revenir et dire à Muyeon : « J’ai trouvé des infos par hasard sur le coffre secret. »

Même si je doute qu’il me croie…

Merde, qu’est-ce que je fais ?

Wi Seol-Ah me posa une question alors que j’étais perdu dans mes pensées.

« Jeune Maître, pourquoi tu es ici, au fait ? »

« Je cherche quelque chose. »

« Un bon ravioli ? »

« Pourquoi tu parles de raviolis tout d’un coup ? »

« Mais le Jeune Maître mange toujours des raviolis. »

« Non… ? Attends, t’as raison. »

J’en avais effectivement mangé non-stop ces derniers jours.

Mais les raviolis, c’est délicieux…

Je poussai un long soupir.

Est-ce que je pouvais vraiment trouver ce coffre dans ma situation actuelle ?

J’avais entendu des informations vagues sur sa localisation, mais elles étaient sûrement erronées.

« Un érable blanc au milieu de l’été… Quelle absurdité. »

Sous cet érable blanc se trouvait l’entrée du coffre secret.

C’est ce qu’avait dit le clan Tang à l’époque. C’était franchement insensé.

C’était l’été quand le clan Tang avait découvert le coffre.

Déjà que les érables sont rares en été, alors un érable blanc, en plus ?

« N’avaient-ils pas dit la vérité en donnant leurs informations ? Ou bien ont-elles été modifiées ? »

Je devais supposer que c’était la deuxième option.

Après tout, l’histoire parlait du plus grand clan de tous les temps, il était donc possible qu’elle ait été enjolivée pour ressembler à un conte de fées.

C’était moi l’idiot d’y avoir cru et d’être venu ici.

…Pff, quel idiot je fais.

J’étais tenté d’abandonner et de rentrer.

Wi Seol-Ah prit la parole alors que je commençais à en avoir assez.

« Un érable blanc ? »

« Ouais, un érable blanc… Je suis venu ici pour ça. »

Cela devait aussi paraître étrange à Wi Seol-Ah.

En y pensant bien, c’était bizarre qu’aucun clan n’ait pu trouver un arbre à l’apparence aussi unique.

« Un érable en été ? C’est bizarre, non ? »

« Oui, il était super joli quand je l’ai vu tout à l’heure ! »

« …Ouais, je suis d’accord— »

Hein ?

Qu’est-ce qu’elle venait de dire ?

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? »

Wi Seol-Ah me regarda, visiblement confuse, alors que je la fixais avec un air stupéfait.

« Qu’est-ce qu’il y a, Jeune Maître ? »

« Euh, tu as dit que tu l’as vu. L’érable blanc. »

« Oui. »

« …O-Où est-ce que tu l’as vu ? »

Wi Seol-Ah inclina la tête.

« On le regardait ensemble, tout à l’heure ! »

« Regarder quoi… ? »

« L’arbre ! »

« Moi… ? Avec toi ? »

« Oui ! »

Depuis quand ?

Je restai figé, incapable de comprendre pourquoi je ne l’avais pas remarqué plus tôt.

Wi Seol-Ah, agacée par mon comportement, tenta de prendre une de mes boulettes, mais je lui frappai la main.

« Aïe ! »

« …Tu as dit qu’on l’a vu ensemble, l’arbre. »

Je reposai la question à Wi Seol-Ah, qui me lançait un regard noir pour lui avoir frappé la main.

« Oui, oui. »

« Tu te souviens où ? »

Je lui demandai en poussant doucement une assiette de boulettes vers elle.

__________

– Cui cui

Le soleil était déjà couché, et la nuit était tombée.

Comment était-ce déjà la nuit alors qu’on n’avait gravi la montagne que quelques fois… ?

Le temps passe anormalement vite.

Nous montions la montagne, sans rien trouver jusqu’à présent.

Même en devenant un grand artiste martial, pouvait-on vraiment faire quelque chose contre le temps ?

Bien sûr, c’était un peu gonflé de ma part de dire ça, sachant que j’étais littéralement revenu dans le passé.

« Ouf ! »

Je regardai Wi Seol-Ah, haletante, qui me suivait de près.

Ses vêtements étaient couverts de poussière et de feuilles à force de passer à travers les arbres et les rochers.

Mais malgré cela, Wi Seol-Ah gardait un sourire radieux sur le visage.

« Pourquoi tu es si joyeuse ? »

« C’est toujours amusant d’être avec vous, Jeune Maître ! »

J’aurais peut-être pas dû poser la question.

Mon cœur commençait à s’emballer, alors je détournai le regard.

Wi Seol-Ah me suivait sans mal, même si la montagne était rude pour une fille de son âge.

…Elle a une endurance hors norme.

Sans doute que les os de la future Zénith sont faits d’un autre métal.

« Encore un peu, et on sera à l’endroit où on était plus tôt. »

Au milieu de la montagne, là où Wi Seol-Ah avait dit avoir vu l’érable blanc.

Tout ce que j’avais vu là-bas, c’était une falaise avec des arbres et des rochers normaux.

Qu’est-ce que Wi Seol-Ah avait bien pu y voir ?

Tant que ça en valait la peine, je ne reculais pas devant le danger, même de nuit.

Heureusement, il ne semble pas y avoir de démons dans les parages.

C’en était presque étrange de ne sentir aucune présence démoniaque.

Je ne sentais même pas la présence d’animaux.

Seul le chant des insectes se faisait entendre.

Peu après, nous arrivâmes à l’endroit où nous étions passés plus tôt.

Évidemment, je ne vis rien de spécial.

« Où est-ce que tu dis qu’il est ? »

« …Hein ? »

Wi Seol-Ah répondit, confuse, à ma question.

« Juste là ! »

Je regardai dans la direction qu’elle désignait, mais il n’y avait rien.

Il n’y avait qu’une falaise ?

« De quoi tu parles ? Je ne vois qu’une falaise. »

Je sentais qu’il ne fallait pas m’approcher.

Je tentai quand même d’y aller pour voir de plus près, mais mes pieds refusaient de bouger.

« C’est bizarre…? Il est vraiment là. »

Wi Seol-Ah, qui ne semblait pas ressentir quoi que ce soit d’étrange, s’approcha sans effort du bord de la falaise.

« Attends ! Je t’ai dit que c’était dangereux ! »

Même en criant, mes pieds ne bougeaient toujours pas.

Pourquoi je réagis comme ça !?

Wi Seol-Ah pointait l’air vide du doigt.

Elle était à un endroit si dangereux qu’un seul faux pas suffirait à la faire tomber.

« …Putain… Bouge, bordel ! »

Je serrai les dents et fis circuler tout mon qi.

De la chaleur émana de mon corps alors que je l’enveloppais de mon Qi de feu.

Je forçai le Qi à affluer vers mes jambes paralysées, et je sentis peu à peu que je reprenais le contrôle.

À cet instant, sans plus hésiter, je courus vers Wi Seol-Ah pour la prendre dans mes bras.

« Kya ! »

Wi Seol-Ah sursauta et cria, mais je n’en tins pas compte.

« T’es folle ou quoi !? Si tu tombes, tu vas crever— »

Je m’interrompis en plein milieu de mes reproches.

Quelque chose clochait.

– Craque

L’air vide se fissura.

Peu à peu, une forme se dessina à travers la fissure.

Quelque chose qui ressemblait à…

Une Porte des Démons…!?

Je sortis le talisman démoniaque que j’avais pris par précaution.

Il ne réagissait pas, ne montrait aucun signe de présence d’une porte.

Mais la dernière fois, il avait bien fonctionné… Alors pourquoi ?

La fissure dans l’air ressemblait en tout point à une Porte des Démons.

J’eus des frissons à l’idée que ce soit réellement ça.

Car si c’était vraiment une Porte, il était déjà trop tard pour fuir.

« J’aurais dû la renvoyer… »

C’était une urgence.

Même avec un peu de chance et une porte de niveau vert, je ne pourrais pas nous protéger tous les deux dans mon état actuel.

Devais-je envoyer Wi Seol-Ah loin d’ici et les retenir seul ? Je n’avais pas le temps de réfléchir : il fallait agir.

« C’est dangereux ici, alors vite— »

« Tu vois !? Jeune Maître ! »

« Hein ? »

Wi Seol-Ah souriait toujours, malgré la situation.

« Je t’avais dit que je ne mentais pas ! Tu vois !? »

« De quoi tu parles !? Je t’ai dit que c’est dangereux ! »

Wi Seol-Ah ne semblait pas percevoir mon désespoir. Elle pointait du doigt une direction.

La fissure dans l’air, au bout de la falaise, s’élargissait de plus en plus.

Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

La fissure, désormais semblable à une toile d’araignée, laissa échapper une lumière éclatante.

Je pris Wi Seol-Ah dans mes bras pour la protéger, au cas où ce serait dangereux.

« Ouffhh ! »

Wi Seol-Ah laissa échapper un bruit étouffé.

Environ trente secondes plus tard, la lumière sembla s’estomper. J’ouvris lentement les yeux.

« …C’est quoi ce bordel ? »

Je restai sans voix devant ce que je voyais.

Là où devait se trouver la falaise, il y avait maintenant une plaine.

Et en son centre se dressait l’immense érable blanc dont avait parlé le Clan Tang.