Phénix de l'Épée (1)

Le clan Namgung.

Un célèbre clan de l’épée, pilier de la Faction Orthodoxe, souvent appelé le cœur des Quatre Grands Clans.

Lorsque le Démon de Sang apporta le Fléau Sanglant au monde, la personne qui le terrassa ne fut autre que Namgung Joocheon, alors chef du clan Namgung.

Avant le règne de l’Empereur de l’Épée, les Namgung étaient connus pour abriter les plus puissants manieurs d’épée du monde.

En ce moment, l’actuel chef du clan, l’Épée Céleste Azurée, Namgung Jin, parlait à son fils.

« Je t’ai dit de bien t’occuper de ta sœur aînée, et à la place tu reviens après avoir perdu ton garde du corps. »

Non seulement il avait défié quelqu’un de plus jeune que lui en duel, mais il avait en plus perdu contre lui, et tenté de le tuer.

En plus de tout cela, il était revenu avec les bras brisés.

Et ça, c’est censé être mon fils…

 Le problème principal, cependant, était :

« Macheol… »

Il n’y avait pas beaucoup d’artistes martiaux dont Namgung Jin se souvenait du nom.

Car il y en avait trop qui étaient talentueux.

C’était un artiste martial qui avait atteint le sommet.

Macheol, l’artiste martial qui servait de garde du corps, portait le titre de « L’Épée du Vent Azur ».

Son nom, Namgung Jin s’en souvenait.

Peu avaient atteint un tel niveau si jeunes, et il semblait promis à un bel avenir.

Mais soudainement, cet homme avait disparu ?

Namgung Jin ne comprenait pas cette situation.

« Tu as perdu un artiste martial de niveau sommet simplement parce que tu as perdu face à un jeune prodige dont le nom n’a même pas encore circulé dans le monde ? »

Namgung Cheonjun ne put formuler de réponse à la question de son père.

Il serra simplement les dents.

Lui-même ne comprenait pas ce qu’il s’était passé.

Qu’est-ce qui s’est passé, bon sang ?

Namgung Cheonjun savait que la mission pouvait durer plusieurs jours.

Même s’il avait donné l’ordre à Macheol sous le coup de la colère, il savait qu’elle serait difficile à accomplir.

Mais Macheol lui avait dit qu’il avait trouvé une opportunité et qu’il reviendrait.

Et jamais Namgung Cheonjun n’avait vu Macheol échouer après avoir dit ces mots.

C’est pourquoi, lorsque Namgung Bi-ah avait demandé à dire au revoir au jeune maître du clan Gu, il l’avait laissée partir sans rien dire.

Puisqu’à ce moment-là, il ne devrait plus être en vie.

C’était ce qui aurait dû se passer…

Mais au lieu de cela, quand Namgung Bi-ah revint, elle dit à Namgung Cheonjun qu’elle avait fait ses adieux au jeune maître du clan Gu.

Et qu’il allait bien. Puis ils étaient retournés au clan.

Alors… qu’en est-il de Macheol ?

Qu’était-il arrivé au garde du corps personnel de Namgung Cheonjun ?

Avait-il été tué ?

C’était impensable pour Namgung Cheonjun.

Macheol était un artiste martial de niveau sommet.

Il fallait un talent naturel pour passer du niveau de première classe à celui de sommet.

Un niveau que l’artiste martial moyen ne pouvait atteindre, peu importe l'entraînement.

Namgung Cheonjun savait ce que représentait un artiste martial de ce niveau.

Et Macheol en faisait partie.

Alors penser qu’il aurait pu perdre contre un simple combattant de second ordre ?

C’était tout simplement impossible.

Peut-être une embuscade ?

Peut-être avaient-ils anticipé tout cela.

Mais comment auraient-ils pu savoir ?

Et qu’ont-ils bien pu faire pour que Macheol disparaisse ainsi ?

Quoi qu’il se soit passé, le fait était que c’était une mauvaise situation pour Namgung Cheonjun.

Perdre son garde du corps personnel à cause de son entêtement était un énorme problème.

De plus, Gu Yangcheon connaissait maintenant ses actions — ou du moins, c’est ce que croyait Namgung Cheonjun.

Cet enfoiré.

Rien qu’en pensant à Gu Yangcheon, une rage intérieure l’envahissait.

L’endroit où il avait été frappé et son bras brisé avaient été soignés, mais la colère de Namgung Cheonjun restait vivace.

« Cheonjun. »

« …Oui, père. »

Namgung Jin s’approcha lentement de son fils.

Namgung Cheonjun ferma les yeux.

Namgung Jin n’avait jamais levé la main sur son propre sang.

Il se contentait d’approcher.

Les descendants directs du clan Namgung possédaient la capacité d’exercer une pression sur leur entourage, une capacité qui croissait avec leur puissance martiale.

Et il n’y avait rien à ajouter sur le seigneur du clan Namgung, connu comme l’un des plus puissants, à l’exception des trois Vénérables Célestes.

Cette pression se fit sentir à mesure que le seigneur du clan réduisait la distance.

Et à chaque pas, Namgung Cheonjun respirait de plus en plus difficilement.

« Oughh… »

Namgung Cheonjun gémit sous la pression.

« Je suis déçu. Non pas parce que tu as perdu face à un plus jeune, ni parce que tu as tenté de le tuer. »

Namgung Cheonjun savait pourquoi son père était déçu.

C’était une leçon qu’on lui avait enseignée dès son plus jeune âge.

« Je suis déçu parce que tu as été incapable de nettoyer ton propre désordre. »

Namgung Cheonjun sentait qu’il allait vomir sous la pression, mais il fit tout pour se contenir.

Il savait que la colère de son père grandirait s’il cédait maintenant.

Préserver sa dignité et son honneur en tant que membre du clan Namgung.

C’était sa priorité.

Et quiconque salissait cet honneur…

Le clan Namgung le faisait disparaître, quoi qu’il en coûte.

« En punition, tu seras emprisonné trois mois. Objection ? »

« N-Non, père… »

La pression disparut dès sa réponse.

Namgung Jin demanda ensuite à son fils, encore à bout de souffle :

« Tu as dit le clan Gu ? »

« …Oui, père. »

Le clan Gu, dont le chef était le Guerrier Tigre…

Namgung Jin fit une drôle de tête en entendant la réponse de son fils.

Une expression que Namgung Cheonjun n’avait jamais vue sur le visage de son père.

« …Parmi tous les clans, il a fallu que ce soit le clan Gu, hein. »

Après ces mots, Namgung Jin se tourna vers le drapeau suspendu près de la salle du chef.

Le mot « Namgung » y était clairement inscrit.

Après un moment de réflexion, Namgung Jin s’adressa à son fils :

« Oublie tout ce qui concerne le clan Gu à partir de maintenant. »

« Père… ? »

C’était la première fois.

Que son propre père lui disait d’oublier quelque chose.

Il lui avait toujours enseigné de ne jamais oublier une rancune, et voilà qu’il se contredisait soudainement.

« Tu comprendras plus tard, quand tu deviendras le chef du clan. Jusque-là, ne touche pas au clan Gu. »

« …Oui, père. »

Namgung Cheonjun ne pouvait aller contre la volonté de son père.

Tout ce qu’il pouvait faire, c’était hocher la tête.

« Car il se pourrait que nous devenions un avec eux bientôt. »

Un instant de silence suivit ces mots.

Namgung Cheonjun était abasourdi.

Il ne comprenait pas ce qu’ils signifiaient.

« Que… Que voulez-vous dire ? »

« Ta sœur a accepté un mariage avec un autre clan. »

« Père !? »

Namgung Cheonjun éleva involontairement la voix.

Il se tut immédiatement en croisant le regard sévère de son père, mais la nouvelle qu’il venait d’entendre était trop brutale pour lui.

Son nom n’était pas encore connu du monde, mais elle était la plus talentueuse de tous les membres du clan.

La magnifique, parfaite sœur de Namgung Cheonjun.

La fleur du clan Namgung.

Namgung Cheonjun était convaincu que si elle avait été plus active dans le monde extérieur, elle aurait mérité le titre de « Phénix de l’Épée » à la place de son actuelle détentrice.

…Mais maintenant, ma sœur parfaite va se marier ?

C’était trop soudain.

Il cacha rapidement ses mains tremblantes pour ne pas que son père les remarque, puis demanda :

« D-De quel clan s’agit-il ? »

Namgung Jin le regarda.

Il remarqua aisément ses pupilles tremblantes et son souffle erratique.

Il lui manque encore tant…

Même de si petites choses, il ne savait pas les dissimuler.

Mais Namgung Cheonjun devait un jour diriger le clan.

Et s’il lui manquait quelque chose, cela devait être corrigé.

Par la force, si nécessaire.

Namgung Jin ouvrit lentement la bouche, toujours fixé sur son fils.

Les yeux de Namgung Cheonjun s’écarquillèrent à ses paroles.

__________

« …Quoi ? »

Gu Yangcheon lâcha ce mot en entendant ce que lui disait le Deuxième Aîné.

« Qu’est-ce que vous venez de dire ? »

« J’ai dit que notre clan avait accepté des fiançailles avec la fille du clan Namgung. »

« …Pardon ? »

C’est quoi cette connerie ?

__________

Il nous avait fallu dix jours pour revenir à mon clan après avoir quitté le Sichuan.

Nous nous étions dépêchés d’y aller parce que nous n’avions pas beaucoup de temps devant nous, mais comme il n’y avait plus cette contrainte, nous avions pris notre temps pour le retour.

Et de toute façon, je devais aussi passer du temps à organiser mon Qi nouvellement renforcé.

Et après être enfin revenu de ce voyage qui m’avait épuisé,

Le Deuxième Aîné, que je n’avais pas vu depuis un moment, m’avait littéralement balancé une merde monumentale.

« Un mariage a été arrangé pour toi. »

« …Qu’est-ce que vous venez de dire ? »

Il avait craché ces mots au moment même où nous nous étions croisés, sans même prendre la peine de répondre à ma salutation.

Mes sourcils s’étaient froncés en entendant ces paroles soudaines.

Je n’avais même pas encore défait mes affaires, et il m’attaquait déjà avec ce genre de déclaration sortie de nulle part.

En fait, depuis combien de temps l’engagement entre notre clan et le Clan Peng avait-il été annulé ?

Pour moi, c’était difficile à dire tant cela semblait remonter à une éternité, mais en temps réel, ça ne devait pas faire si longtemps que ça.

Mais tout à coup, un nouveau mariage avait été arrangé pour moi ?

Ça, c’est nouveau…

Dans ma vie précédente, après que mon accord de mariage avec Peng Ah-hee ait été rompu, aucun autre mariage ne m’avait été arrangé.

C’était, bien sûr, en partie à cause des rumeurs disant que j’étais une ordure, ce qui avait fait fuir tous les clans à l’idée de m’unir à eux.

J’avais pensé que ce serait pareil dans cette vie, alors, que s’était-il passé ?

Je répondis au Deuxième Aîné, accablé.

« Seigneur Deuxième Aîné, vous êtes vraiment obligé de plaisanter alors que je suis aussi fatigué… ? »

« Hé ! Tu crois vraiment que ce vieux plaisanterait avec un gars comme toi ? »

« Vous le faites d’habitude, pourquoi vous le niez tout à coup ? »

Un mariage avait-il réellement été conclu ?

…Je sens que je suis foutu.

J’avais l’impression d’avoir foutu quelque chose en l’air.

Wi Seol-Ah surgit dans mon esprit, mais je l’ignorai immédiatement.

« Si c’est vrai, alors avec qui suis-je censé me marier ? »

Je réfléchis à toutes les filles possibles avec lesquelles je pourrais me marier.

Ça ne pouvait pas être Peng Ah-hee, puisque nous avions déjà rompu nos fiançailles.

Et je n’avais pas l’impression d’avoir beaucoup d’options en dehors d’elle.

Une me revenait en tête, du clan Moyong, mais écartons cette folle pour l’instant, elle ne courait qu’après l’Épée Éclair même dans ma vie précédente.

Il y avait probablement beaucoup d’options si on excluait les Quatre Grands Clans, mais je ne connaissais pas vraiment beaucoup de filles.

Je pouvais les compter sur une main, à tout casser.

Peut-être Tang Soyeol… ?

C’était possible, puisqu’elle ne s’était mariée avec personne dans ma vie précédente.

…Mais quelqu’un qui m’offre du poison en cadeau, c’est un peu…

Qu’est-ce que j’avais bien pu faire pour que les choses tournent aussi mal ?

Je n’arrivais pas à penser à une seule chose…

Je me demandais à partir de quand ça avait commencé à dérailler.

Non… J’arrive pas à en trouver une parce qu’il y en a trop…

« Le clan avec lequel ton mariage a été arrangé… »

Le Deuxième Aîné parla tout en se grattant l’oreille avec son auriculaire.

Comme si le sujet n’avait aucune importance pour lui.

« Le Clan Namgung. »

« …Pardon ? »

Je répliquai immédiatement à cette réponse inattendue.

Quoi… Où ça ?

« Qu’est-ce que vous avez dit ? »

« On m’a dit que ton mariage avait été arrangé avec la fille du Clan Namgung. »

« …Quoi ? »

Le clan Namgung ? Peut-être qu’il existait une autre fille du clan Namgung que je ne connaissais pas… ?

Ou peut-être un autre clan Namgung, avec un nom légèrement différent ?

Je priais pour que ce soit ça, car il n’y avait qu’une seule fille du clan Namgung que je connaissais.

« Le nom de la fille était quelque chose comme… Namgung Bi-ah ? Ils m’ont laissé entendre qu’ils ne la céderaient pas facilement puisqu’elle était la fierté du clan, alors ce vieux a tout fait pour rendre cela possible. »

Putain de merde…

Rien ne se passait jamais comme je le voulais dans ce putain de monde.

Mais qu’est-ce que vous avez bien pu faire pour rendre ça possible…

Moi… Me marier avec cette folle ?

Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire pour que Namgung Bi-ah soit promise à moi ?

Alors que j’avais encore du mal à encaisser cette nouvelle, le Deuxième Aîné continua de parler sans se soucier de rien.

« De toute façon, ce n’est pas le plus important, alors va voir ton père plus tard pour ça, j’ai quelque chose de plus urgent à te dire. »

« …Attendez, monsieur le Deuxième Aîné, comment pouvez-vous dire que ce n’est pas important ? »

Qu’est-ce qui pouvait bien être plus important que ça ?

On venait de m’arranger un mariage avec cette folle furieuse, et il me disait que ce n’était pas ce qu’il y avait de plus important… ?

Je tentai de répliquer au Deuxième Aîné,

Mais je dus fermer ma bouche à ses prochains mots.

« Ta sœur est revenue. »

« Hein ? »

Le plus grand prodige du monde, Phénix de l’Épée Gu Huibi.

Elle était revenue au clan.

Le Deuxième Aîné me parla tout en me tapotant l’épaule.

« Huibi te cherchait parce qu’elle voulait vraiment te voir. Ça me fait tellement plaisir de voir des frères et sœurs aussi proches. Huibi devrait être dans la salle du seigneur, donc tu devrais— Yangcheon ? »

Je ne le laissai même pas terminer.

Je n’avais qu’une seule chose en tête maintenant.

Putain. Putain, putain, putain, PUTAIN !!! Il faut que je me barre MAINTENANT !!!

Mariage ou pas, il fallait juste que je m’enfuie, là, tout de suite.