Phénix de l’Épée (3)

Pourquoi est-ce que Wi Seol-Ah doit toujours apparaître au pire moment possible… ?

Et comme si ce n’était pas assez, elle tenait des raviolis…

« Jeune Maître ! Je vous ai apporté des raviolis ! »

Ah, elle les tient à cause de moi.

Aurait-elle entendu quand j’ai murmuré que je voulais manger des raviolis sur le chemin du retour ?

Si c’est le cas, j’en suis fier, même si je ne suis pas content de la situation actuelle ;

Parce que je devais encore affronter le sanglier furieux devant moi.

« Jeune Maître… ? Pourquoi êtes-vous à genoux comme ça ? » demanda Wi Seol-Ah.

Ouais… Je me demande aussi pourquoi je suis à genoux…

Alors que je tentais de me relever,

« Petit frère. »

Gu Huibi parla, comme si elle avait attendu ce moment.

Grâce à cela, je restai figé à mi-hauteur ; les genoux à moitié pliés.

« Celle-là, là-bas, qui est-ce ? »

Les yeux de Gu Huibi étaient fixés sur Wi Seol-Ah pendant qu’elle parlait.

Je ne savais pas ce que cette femme ardente allait lui faire…

Gu Huibi fit un pas vers Wi Seol-Ah.

Swoosh !

Et je chargeai instantanément mon art de flamme destructrice.

Je ne m’attendais pas à ce que Gu Huibi fasse quelque chose de dangereux, car grâce aux souvenirs de ma vie passée, je savais qu’elle ne sautait jamais directement à la violence.

Mais même dans ce cas, je devais être prêt ; il valait toujours mieux se préparer au pire.

Les yeux de Gu Huibi tremblèrent soudainement.

On aurait dit qu’elle allait faire quelque chose ; je devais d’abord protéger Wi–

« Kya ! »

« Bordel. »

Elle était trop rapide.

Bien plus rapide que je ne l’aurais cru.

En un éclair, Gu Huibi se précipita vers Wi Seol-Ah et… lui attrapa les joues.

Wi Seol-Ah poussa un cri étrange lorsqu’elle fut saisie, mais Gu Huibi continua simplement à lui masser les joues, comme si elle en était fascinée.

« …Comment des joues peuvent-elles paraître aussi douces ? Et elles le sont encore plus qu’elles n’en ont l’air… ? »

« Ahh… Ahhh ! À l’aide, Jeune Maî– »

« … »

Je ne savais pas quoi dire face à la scène qui se déroulait devant mes yeux. Devais-je être soulagé ?

Ou bien devais-je l’arrêter… ?

Heureusement, Gu Huibi ne semblait pas avoir l’intention de faire du mal à Wi Seol-Ah.

…À moins que ce ne soit sa façon de lui faire du mal.

Alors que les joues de Wi Seol-Ah étaient étirées par les mains de Gu Huibi, je l’ignorai et me relevai.

Une fois que Gu Huibi fut satisfaite, elle relâcha les joues de Wi Seol-Ah.

« Cette fille, c’est ta servante ? »

« Oui. »

« Tu veux me la donner ? »

« Non. »

Je rétorquai sans réfléchir.

Gu Huibi sembla d’abord surprise par ma réponse brève mais ferme.

Puis elle sourit légèrement.

C’était effrayant de la voir sourire, elle ressemblait bien trop à père.

« Comme c’est étrange. »

Je ne remarquai pas quand elle le fit, mais je ressentis soudainement la chaleur brûlante que dégageait Gu Huibi.

La différence entre sa chaleur et celle de Gu Yeonseo ou Gu Jeolyub ne faisait aucun doute.

Rien qu’en la ressentant, il m’était difficile de garder les yeux ouverts.

Qu’elle soit au cinquième royaume montrait clairement l’écart entre nous.

Si mon corps avait été un peu plus entraîné au point d’atteindre le quatrième royaume de l’art de la flamme destructrice, j’aurais pu aller dans certains endroits sans craindre de me faire tabasser.

Le vrai problème, toutefois, était l’entraînement nécessaire pour atteindre le cinquième royaume.

Le cinquième royaume signifiait qu’il fallait montrer sa vraie valeur en tant qu’artiste martial.

L’atteindre nécessitait non seulement un entraînement intensif, mais aussi beaucoup d’illumination.

C’est à ce stade qu’on pouvait véritablement envelopper son corps d’un Qi rouge visible, au point où ses yeux et ses cheveux devenaient rouges en s’unissant à l’art.

Gu Huibi en était déjà là.

Ses cheveux étaient légèrement rouges et ses yeux teints d’un rouge éclatant.

Je pouvais tant bien que mal me débrouiller face à d’autres avec mon Qi pitoyable, mais affronter Gu Huibi, qui était une véritable pratiquante de rang 5, c’était trop me demander.

« C’est vraiment étrange, que mon petit frère refuse ma demande. »

Les cheveux de Gu Huibi volaient au vent sous l’effet de sa propre chaleur.

J’avais l’impression d’allais fondre sous cette chaleur, mais je parvins à la supporter en m’entourant de mon propre Qi.

Gu Huibi me fixa calmement après avoir parlé.

Je me demandai à quoi elle pensait.

Mais je redirigeai vite mes pensées vers ma priorité du moment : récupérer Wi Seol-Ah discrètement.

« Pas elle. »

Le sourcil de Gu Huibi tressaillit à mes mots, visiblement mécontente de ma réponse.

Elle relâcha alors davantage de Qi, intensifiant encore plus la pression.

Je ne cédai cependant pas, et continuai à endurer la chaleur.

Le plus étrange était que, alors que j’aurais dû peiner ne serait-ce qu’à respirer, et encore moins à rester debout, j’étais étrangement capable de repousser la pression avec facilité.

…Je suppose qu’il serait plus juste de dire que je changeais la direction de la chaleur plutôt que de la repousser.

Mais moi-même je me demandais comment cela se produisait.

Le Qi du clan Gu était plutôt violent et féroce.

Mais ce que je faisais actuellement ne consistait pas à le briser, mais à le diviser de façon à ce qu’il s’écoule dans une autre direction.

C’était similaire à l’art du clan Mudang.

Et on dirait que Gu Huibi s’en rendit compte également car peu après, l’air brûlant se refroidit.

Gu Huibi avait réabsorbé tout son Qi dans son corps.

« …Ça, c’est ton œuvre, Seigneur Deuxième Aîné ? »

Gu Huibi demanda au Deuxième Aîné en me pointant du doigt.

Quelle cruauté de m’appeler “ça”…

Le Deuxième Aîné haussa les épaules et répondit à sa question.

« Ce vieux n’a rien fait. »

« …Et tu veux me faire croire qu’il a changé à ce point en seulement quelques mois ? »

L’expression amusée de Gu Huibi ne faisait que me mettre plus de pression.

À vrai dire, c’était un choc même pour moi d’atteindre le troisième royaume en quelques mois.

Je ne m’y attendais pas non plus…

Si mon objectif avait été d’atteindre le troisième rang cette année, cela signifiait que j’avais six mois d’avance grâce à mon voyage au Sichuan.

Gu Huibi me parla alors.

« Le Seigneur t’appelle, va vite. »

« …Tu as fini ce que tu étais venue faire ? »

Elle est vraiment venue ici juste pour me hurler dessus ? Elle se prend pour une espèce de machine de guerre…

Même si elle n’aurait pas complètement tort…

« Je voulais te donner une leçon, vu qu’on ne s’était pas vus depuis longtemps, mais je n’en ai plus envie. »

Gu Huibi me fit signe d’y aller rapidement.

Maintenant que j’y pense, ce n’est pas chez elle ici, c’est chez moi, non ?

J’avais envie de me plaindre de cette situation que je n’aimais pas, mais je sentais que si je me plaignais vraiment à cette folle sanglier de feu, je risquais de mourir, alors je partis tranquillement.

« Oh, petit frère. »

Je me retournai à l’appel de Gu Huibi.

Puis elle me lança quelque chose.

Ce que je rattrapai était une petite bourse porte-bonheur.

« C’est un cadeau. »

« …Qu’est-ce que c’est ? »

« Accroche-la bien à ta taille. Sinon je te punis. »

Quand je regardai à l’intérieur de la bourse porte-bonheur, il y avait une perle jaune.

Qu’est-ce que c’est ? Une pierre démoniaque… ?

Je n’en avais pas l’impression, je ne sentais rien dans la perle.

Gu Huibi me parla pendant que j’examinais la bourse.

« Un colporteur la vendait comme porte-bonheur, alors la ramène pas et fais ce que je t’ai dit. »

En gros, elle m’avait acheté une bricole et m’avait dit qu’elle me punirait si je ne faisais pas ce qu’elle avait dit.

…Je la mis à ma ceinture.

Je savais qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions.

Je savais que Gu Huibi n’était pas du genre à faire une telle chose.

« Oh, si tu la perds par hasard, sache que je te plierai en deux. »

« … »

…Soupir.

__________

Après que Gu Yangcheon soit parti en direction de la chambre du seigneur,

Gu Huibi s’adressa de nouveau au Deuxième Aîné.

« Tu es sûr que tu n’as rien fait ? »

« Je t’ai dit que ce vieil homme n’a rien fait. »

Le Deuxième Aîné n’était pas du genre à mentir, du moins pour la plupart des choses.

C’était une chose dont Gu Huibi était certaine à propos de lui.

Et d’habitude, elle croyait tout ce que le Deuxième Aîné lui disait, cependant…

« La dernière fois que je l’ai vu, c’était en hiver, et c’était un enfant qui n’avait atteint que le premier rang des arts de la flamme. »

Le premier royaume, c’était un niveau atteignable simplement en apprenant les bases des arts de la flamme.

Gu Yangcheon en était toujours à ce stade, même après des années à les étudier.

Et cela n’avait pas changé, même après que Gu Huibi soit partie en mission.

Ses mouvements étaient affreux à regarder, sans même parler de ses tentatives pour s’envelopper de Qi.

C’était comme comparer le ciel à la terre si l’on comparait Yeonseo à Yangcheon.

Mais maintenant ?

Comment avait-il atteint son niveau actuel aussi rapidement ?

C’était étrange, dès le départ, d’entendre dire qu’il avait battu Yeonseo dans un duel.

Quand Gu Huibi l’avait appris, elle avait pensé que c’était une coïncidence.

Yeonseo était probablement en mauvaise condition ce jour-là, avait-elle pensé.

Une coïncidence, combinée à d’autres coïncidences, avait donné naissance au miracle où Yangcheon battait Yeonseo ; c’est ce que Gu Huibi avait cru.

Cependant, lorsqu’elle avait appris que Gu Yeonseo ne s’était même pas présentée pour la saluer, alors qu’elle avait très certainement entendu parler de son retour, Gu Huibi avait compris que les choses n’étaient peut-être pas aussi simples qu’elle l’avait cru.

Et après avoir brièvement observé Gu Yangcheon, elle avait vu qu’il avait atteint le troisième royaume et se dirigeait vers le quatrième. Il n’y était pas encore, mais il était presque à ce niveau.

Cela signifiait qu’il ne lui restait plus grand-chose pour atteindre le quatrième rang.

Il n’avait pas fallu longtemps à Gu Huibi pour passer du troisième au quatrième royaume, mais le problème, c’était la vitesse de progression de Gu Yangcheon.

Même elle, avec tout son talent, n’avait pas progressé aussi vite. Et encore moins Gu Yeonseo.

Mais ce gamin, en seulement quelques mois…

« N’est-ce pas choquant ? » demanda le Deuxième Aîné.

« Comment ça pourrait ne pas l’être ? »

« Ce vieil homme est aussi choqué. Je ne savais pas que cet enfant avait autant de potentiel en lui. »

Quand le Deuxième Aîné avait parlé à Gu Yangcheon de l’arrangement matrimonial, il avait dû cacher son étonnement.

Le Qi qu’il possède est immensément plus fort désormais.

Qu’est-ce qui a bien pu se passer au Sichuan pour qu’il change autant ?

C’était déjà choquant de constater les changements de Gu Yangcheon auparavant, mais maintenant, il était devenu une personne totalement différente, comme s’il avait nettoyé tout un donjon seul.

La quantité de son Qi avait augmenté, mais pas tant que ça.

Cela semblait beaucoup simplement parce qu’il n’en avait pas tant à la base.

Cependant, la qualité de son Qi était une toute autre histoire.

Le Deuxième Aîné avait pu le remarquer lorsqu’il avait vu Gu Yangcheon changer le flux de chaleur de Gu Huibi.

Que s’est-il passé, exactement ?

Le Deuxième Aîné avait voulu suivre Gu Yangcheon au Sichuan, mais il ne pouvait pas négliger tout le travail qui lui avait été confié.

Comme l’arrangement matrimonial.

Et d’autres affaires également.

« J’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose d’énorme. »

« Et aussi, ce gamin… »

Gu Huibi chercha Wi Seol-Ah, qui était censée être à côté d’elle.

« Où est-elle passée ? »

N’était-elle pas juste devant moi à l’instant ?

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, je cherchais la servante. »

« C’est une jeune fille qui vient à peine de commencer à travailler comme servante. Elle ne connaît pas grand-chose au monde, alors ne sois pas trop dure avec elle. »

« Oui… mais cet enfant. »

Gu Huibi n’était pas du genre à s’intéresser aux serviteurs.

Mais elle avait ressenti quelque chose d’étrange avec Wi Seol-Ah.

Une sensation étrange, qu’elle ne pouvait expliquer avec des mots, qui l’avait poussée à la toucher à plusieurs reprises, mais au final, Gu Huibi n’était pas parvenue à en trouver la cause.

« Peut-être que je me trompe… »

C’était vraiment étrange.

Gu Huibi avait manié son épée durant les derniers mois.

Ce qui signifiait qu’elle possédait encore une acuité sensorielle assez développée.

Mais malgré cela, elle n’avait pas remarqué la disparition de la servante, en plus de ressentir quelque chose d’étrange en elle.

…Peut-être que je me trompe parce que je suis trop à cran.

Peut-être qu’elle réagissait de façon excessive à force d’être constamment sur ses gardes.

Le Deuxième Aîné, de son côté, tenta de dissimuler son propre choc.

Elle a remarqué…

Il n’y avait aucune raison pour que Gu Huibi puisse percevoir quoi que ce soit d’étrange chez Wi Seol-Ah à son niveau actuel. Et pourtant, ses sens améliorés lui avaient permis de capter cette bizarrerie chez elle.

« Un tel talent monstrueux, toi comme Yangcheon. »

« Tu as dit quelque chose ? »

« Non… Tu n’as pas changé, toujours à rechercher Yangcheon dès ton retour. »

« Je ne pense pas que ce soit à toi de me dire ça… »

Gu Huibi se gratta la joue.

Presque tout le clan avait tourné le dos à Gu Yangcheon à ce stade.

Le Seigneur du clan, le Guerrier Tigre, n’avait jamais vraiment semblé se soucier de lui. Et sa deuxième sœur, Gu Yeonseo, s’était déjà détournée de lui depuis longtemps.

Quant à la benjamine…

Gardons ça pour plus tard.

Les seuls à avoir essayé de ramener Gu Yangcheon dans le droit chemin étaient Gu Huibi et le Deuxième Aîné.

« Tu ne pourrais pas être un peu plus douce avec lui ? »

« Tu sais mieux que moi que la douceur ne passe pas avec lui. »

« …Hm. »

Il était différent ces derniers temps, mais le Deuxième Aîné ne pouvait pas nier cette vérité.

Gu Yangcheon était peut-être devenu plus mature, mais il avait toujours cette foutue personnalité en lui.

Cela dit, le Deuxième Aîné trouvait malgré tout que Gu Huibi allait un peu trop loin.

Il reprit la parole après un petit toussotement forcé.

« Mais tout de même, n’est-ce pas un peu excessif de punir ton petit frère pour un arrangement matrimonial ? »

« … »

« Bien sûr, pour toi, ce n’était peut-être qu’une mise en scène… »

« … »

« …Huibi ? »

« Oui, oui ! Bien sûr que c’était juste un jeu. »

Gu Huibi répondit avec un sourire, mais ses paupières tremblaient.

Le Deuxième Aîné le remarqua et se dit qu’elle était simplement fatiguée.

Il n’y a pas moyen qu’elle ait vraiment puni son propre petit frère pour une histoire de mariage.

Elle ne peut pas être aussi étroite d’esprit.

Non, impossible…

Le Deuxième Aîné ignora l’air troublé de Gu Huibi.

__________

Pendant ce temps, dans la chambre du Seigneur.

« J’ai entendu dire que tu avais détruit le bras du Dragon de Foudre. »

« Non, je ne l’ai pas détruit. Je l’ai simplement brisé— »

Gu Yangcheon avait le sentiment qu’il était foutu.