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Chapitre 8 – Poids lourds, maïs tranchant et vérités moches

[Matin – Quartier ouvrier, Magi au boulot]

— Et voilà, encore en train de plier des cartons pendant que Torche Boy va faire ses pompes, grogna Magi.

Elle ajusta sa casquette. Autour d’elle, des machines de tri tournaient en grinçant.Elle soupira, attrapa un scanner, et scanda dans sa tête :

Au moins qu’il devienne balèze. Histoire qu’on survive au prochain monstre à tentacules.

[Parc public – Zone d'entraînement sauvage]

Ashen arriva au parc, bonnet sur le crâne, toujours aussi discret. Mais ce qu’il vit le fit s’arrêter net.

Rook était déjà là.

Et autour de lui, c’était pas un simple tapis de yoga.Non, c’était :

– deux boulets de canon rouillés,– trois pneus de tracteur,– et une dizaine de poids en fonte empilés comme une offrande sacrificielle.

Ashen cligna des yeux.

— …Tu fais quoi, là ? T’es en train de lancer une salle de sport illégale ?

Rook, calme, lui lança un poids.

— Salut Ashen. Avant qu’on commence l’entraînement… enfile tout ça.Le lot complet. Cent kilos.

Ashen le regarda, choqué.

— Attends, quoi ?! Tout ça ? C’est une blague ?

— Non non. J’ai vu ça dans un manga.Tu portes les poids, tu cours, tu sautes, tu chiales un peu… et après t’es plus fort.Ça marche à tous les coups.

Ashen soupira, mais il sourit. Un petit sourire tordu.

— T’as de la chance que j’ai rien d’autre à foutre.

[Entraînement intensif – mode manga activé]

Ashen courait avec les poids.Ashen grimpait aux barres avec les poids.Ashen faisait des pompes, des tractions, des squats, en transpirant comme un steak oublié sur le feu.

Rook, lui, faisait des pas de taureau. Front contre un pneu, il le poussait comme s’il allait labourer la ville.

Pour mon père… Pour Magi… Et pour casser des gueules enflammées.

[Interruption – Un vieux au jogging violet]

— Salut mes p’tits !

Les deux sursautèrent.

Un vieillard, jogging violet, tongs, lunettes trop grandes. Il tenait une canne qui n’avait jamais servi.

— Vous savez que ce parc est public ?Y a des règles. Pas de lancer de pneus. Pas de rage musclée.

Ashen, essoufflé, répondit :

— On fait juste un peu d'entraînement. On gêne personne, hein.

— Vous gênez les pigeons.Mais bon… j’ai un endroit mieux que ce terrain dégueulasse.

Il fit signe.

— Vous me suivez ?

Ashen et Rook échangèrent un regard.

— …Si je crame dans un champ, c’est de ta faute, marmonna Ashen.

[Champ de maïs – 20 minutes plus tard]

Ils arrivèrent.

Un grand champ de maïs. Rien autour. Juste le vent.Mais au centre… un homme droit, immobile.

Kimono noir. Katana sur le dos.

Il s’inclina lentement.

— Bonjour.Je suis Raiku.Et je vais vous entraîner.

Ashen se figea.

Rook fronça les sourcils.

— Attendez, quoi ?On suit un vieux inconnu et il nous emmène dans un champ paumé où un samouraï nous attend déjà ?

Il se tourna vers le vieux.

— C’est quoi ce délire, là ?

Le vieillard sourit. Un sourire triste, mais vrai.

— Mon nom, c’est Ryuko.J’ai été scientifique, autrefois. Dans les labos de La Griffe.

Ashen recula, méfiant.

— Et tu crois que ça nous rassure, ça ?

— Écoutez-moi bien.J’ai quitté la science parce qu’elle est devenue… autre chose.Elle ne guérit plus. Elle crée des armes. Des monstres.Des enfants comme vous deux.

Il pointa Ashen.

— Même avec ton bonnet… on voit bien ta corne. Et ce feu qui te bouffe lentement.Et toi, Rook… tes cheveux, ta façon de marcher… on sent l’ADN de bête.

Ashen serra les poings.

— Comment tu sais tout ça ?! T’étais pas censé être retraité avec un sudoku et un chat ?

— Ce que je sais n’a pas d’importance.Ce que vous devez savoir, c’est ça :Vous ne contrôlez rien de vos pouvoirs.Et si vous voulez survivre à ce qui vient… il va falloir apprendre.

Il se tourna vers Raiku.

— Mon fils.Épéiste, mais aussi… maître d’un art ancien.L’art de faire plier le feu sans exploser.

Raiku s’avança lentement.

— Si vous acceptez… ce sera dur.Mais à la fin, vous ne serez plus seulement des survivants.

Ashen et Rook échangèrent un regard.

— …On commence quand ? demanda Ashen.

— Maintenant, répondit Raiku.

Il tira lentement son katana. L’acier chanta dans l’air.

Le vent dans les maïs devint plus lourd.

Et l’entraînement sérieux pouvait commencer.