2 - Gênes et curry

— Bonjour… Je suis Eden. Je vis juste là, dit-il en désignant la porte voisine avec un sourire doux.

Lina cligna des yeux. Deux fois.

Il était encore plus beau de près. Genre… personnage de drama coréen tombé dans la vraie vie. Cheveux légèrement en bataille, regard gris qui perçait doucement, et une voix posée qui donnait envie d’écouter la météo s’il la lisait.

— Euuh… bon… bonjour, réussit-elle à bégayer en baissant la tête, comme si elle pouvait disparaître dans ses chaussettes.

Pourquoi fallait-il qu’elle soit en pyjama avec des pandas, hein ? Pourquoi ?

— Je voulais te remercier pour le bento d’hier soir, ajouta-t-elle en relevant timidement les yeux. C’était… très bon. Merci.

— Ravi que ça t’ait plu. Tu avais l’air crevée en emménageant. Tu as failli tomber quatre fois, non ?

— …Tu m’as vue ?

— J’ai entendu surtout. Le "AAAAH–" suivi du BOUM était assez clair, dit-il avec un sourire amusé.

Lina se couvrit le visage de ses mains.

— Je veux mourir.

— T’inquiète, c’était mignon.

Mignon. Il avait dit mignon. Eden, le voisin trop parfait, venait de la traiter de mignonne alors qu’elle avait l’air d’un raton laveur fatigué. Le sol pouvait-il s’ouvrir maintenant ?

Pour changer de sujet (et sauver sa dignité), elle osa :

— Je… peux t’offrir un truc en retour ? Genre, un café ? Ou… un muffin acheté au konbini ?

Eden rit, un rire léger, comme une brise.

— Pas besoin. Mais si tu insistes… j’accepte le muffin. Fraise, si possible.

Elle hocha la tête frénétiquement.

— Oui ! Oui, je vais y aller tout de suite ! Attends, je mets juste un manteau — enfin, je me change — enfin, j’essaye d’être un être humain fonctionnel ! cria-t-elle en rentrant précipitamment chez elle.

Elle referma la porte en panique…

Puis se cogna dans le mur en tournant trop vite.

— Aïe ! … Bon sang, Lina. Tu viens littéralement de t’éclater devant un ange.

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Lina sortit de chez elle, muffin en main, fière comme si elle avait sauvé la planète. Elle toqua doucement à la porte d’Eden.

Il ouvrit… torse nu.

— Oh… euh… désolé. J’étais en train de faire la lessive, dit-il en attrapant une serviette pour s’essuyer les mains.

Lina détourna le regard si vite qu’elle faillit se fouetter elle-même avec sa tresse.

— Voilà le muffin ! FRAISE ! Elle est à la fraise ! LE MUFFIN JE VEUX DIRE ! cria-t-elle en lui tendant le paquet comme si c’était une bombe.

Il sourit, amusé, et prit le muffin.

— Merci. Et pas de panique… j’aime les muffins paniqués.

Elle rentra chez elle en courant, ferma la porte, s’écroula contre le mur.

— Lina… tu viens officiellement de te ridiculiser devant le plus bel homme de l’immeuble. Bravo. Félicitations.

Mais malgré la honte, elle avait un petit sourire au coin des lèvres.

Et derrière sa porte, Eden souriait aussi.