4- des silence qui en dise plus

Lina fixait le plafond de son studio, allongée sur son futon encore mal installé. Son cœur battait un peu trop fort depuis la veille.

Eden. Ce sourire. Cette voix. Et cette façon de la regarder comme si… comme si elle comptait déjà pour lui.

Ridicule.

Elle se redressa brusquement, les cheveux en bataille, et attrapa son sac. Elle avait un shift au café. Et elle comptait bien éviter de croiser ce “voisin parfait” jusqu’à ce que son cœur se calme.

Mais évidemment, le destin avait d’autres projets.

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— Besoin d’un coup de main ?

Lina se figea. Eden, accoudé à la rambarde de l’escalier, vêtu d’une chemise blanche légèrement déboutonnée et tenant un sac de courses.

— Je… Non, ça va, répondit-elle trop vite, le visage déjà en feu.

Il haussa un sourcil amusé mais ne dit rien. Juste un léger sourire, puis il descendit avec elle, en silence.

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— Le café, plus tard

Lina essuyait des verres derrière le comptoir. Elle tentait d’oublier Eden. Enfin, au moins de ne pas penser à ses yeux bleus. À son sourire.

Mais là encore, le sort s’acharnait.

— Bonjour. Un chocolat chaud, s’il vous plaît.

Cette voix.

Elle releva les yeux. Il était là. Assis à la table du fond, calme, les bras croisés, son regard posé sur elle.

— Tu me suis ? demanda-t-elle, mi-sérieuse, mi-joueuse.

— Peut-être. Ou peut-être que c’est toi qui me fuis, répondit-il, un sourire en coin.

Son cœur rata un battement. Elle se détourna, rouge pivoine.

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— Le retour, sous la pluie

En sortant du travail, une pluie fine tombait déjà. Lina n’avait pas de parapluie. Mais une silhouette l’attendait devant le café.

Eden. Tenant deux parapluies. Et ce fichu sourire.

— T’es un stalker, ou un ange gardien ? souffla-t-elle, mi-épuisée, mi-touchée.

— Peut-être un peu des deux. Mais les anges, ça reste sous la pluie, non ?

Il lui tendit le parapluie. Mais au lieu de le prendre, elle leva les yeux vers lui.

Un moment suspendu.

Leurs regards se croisèrent, et cette fois, ce fut lui qui détourna les yeux, légèrement troublé.

— Dans le couloir

Arrivés devant leurs portes, trempés mais souriants, Lina ouvrit enfin la bouche :

— Merci. Pour… tout ça.

Eden la regarda doucement, puis répondit :

— Il y a quelque chose chez toi… qui m’empêche de détourner les yeux.

Silence. Elle ouvrit la porte, le cœur tambourinant.

Quand elle referma doucement derrière elle, elle ne vit pas les plumes blanches tomber du col de la veste d’Eden.

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