« Certains silences valent mille cris.
Certains regards… brûlent plus que le feu. »
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La ville était encore ivre de la fête.
Dans la grande demeure de Liyan, les lanternes dansaient sur les murs.
L'Empereur trônait, une coupe d'alcool à la main.
À sa droite, Liyan.
Derrière lui, comme toujours : Ken.
À gauche, vers la lumière tamisée, Xīyue versait doucement une autre coupe.
Derrière elle, dans l'ombre, se tenait Jinlian. Froide. Dure. Silencieuse.
Il n'y avait qu'eux, dans cette pièce.
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L'Empereur riait avec son frère.
— « Tu n'as pas changé, Liyan. Toujours aussi discret. »
Liyan souriait.
Mais Ken, derrière lui, restait figé.
Son regard glissa un instant vers Xīyue.
Elle le vit.
Le regarda.
Et il détourna les yeux.
Elle sourit… en elle-même.
« Toi aussi, tu me désires. »
« Tu peux fuir tes yeux, Ken… mais pas ton cœur. »
Un battement étrange s'installa dans sa poitrine.
Jinlian le sentit.
Elle la toucha discrètement. Un rappel silencieux : Tu es la femme de l'Empereur.
Elle-même jeta un regard noir à Ken.
Mais Ken ne répondit rien. Il était une muraille. Un spectre impassible.
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Les minutes passèrent. Le vin aussi.
L'Empereur, soudain, déclara :
— « Laissez-moi seul avec mon frère. »
Tout le monde se leva et s'inclina.
Ken tourna les talons pour sortir.
Mais à peine dans le couloir, une voix s'éleva, glaciale :
— « Pourquoi tu la regardes comme ça ? »
C'était Jinlian.
Elle s'était approchée, droite comme une flèche.
— « Il ne faut jamais oublier ta place, Ken. Tu n'es qu'un serviteur. Même si tu es le favori de mon oncle. »
Ken ne répondit rien.
Elle leva la main, prête à le gifler.
Mais une voix, plus calme, l'arrêta :
— « Assez. »
Xīyue.
— « Tu vas trop loin. Il a compris. C'est suffisant. »
Un silence. Puis :
— « Viens. Je dois me préparer pour l'Empereur ce soir. »
Elle tourna les talons. Jinlian hésita… puis la suivit.
Ken resta un instant seul dans le couloir.
Ses yeux noirs ne montraient rien.
Mais dans son cœur, un fil venait d'être tendu.
Et il ne tremblait pas.
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Fin du Chapitre 14