« Il y a des vérités qui ne brisent pas le cœur…
…elles brisent l'existence elle-même. »
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Il ne restait plus que deux hommes dans la salle :
L'Empereur.
Et celui qu'il appelait jusque-là "frère".
Le silence pesait, plus lourd que le vin renversé sur le sol.
L'Empereur brisa le silence :
— « J'ai entendu dire que tu as trouvé une fille qui t'aime bien… Félicitations. »
Liyan serra les poings, doucement.
— « Merci… Frère. »
Mais à l'intérieur de lui, des éclats d'acier :
Toi qui as voulu la détruire…
Toi qui souris comme si de rien n'était.
L'Empereur s'étira, comme s'il jouait encore.
— « Tu sais pourquoi je suis venu, n'est-ce pas ? »
Liyan planta son regard dans le sien. Un regard glacé. Inhumain.
— « …Yuèyao. »
L'Empereur éclata de rire.
— « Ah ! Tu y tiens vraiment. Même prêt à me défier ? »
— « Quelle tendresse. Quelle faiblesse. »
Puis, sans prévenir :
— « Mais ce n'est pas la vraie raison de ma venue. »
Liyan ne répondit pas.
L'Empereur s'approcha. Son ombre couvrit son cadet.
— « Je pense que tu es assez grand, maintenant… pour entendre la vérité. »
— « Je ne suis pas ton frère. »
Un silence.
— « Je suis ton père. »
—
Liyan recula d'un pas. Son souffle se coupa.
— « …Quoi ? »
— « Tu as bien entendu. »
— « Je suis ton père. Ton "frère" n'a jamais existé. »
Liyan tomba à genoux. Ses mains tremblaient.
— « Tu mens… »
— « Tu… Tu me regardais, toute ma vie… en me mentant ? »
— « Tu m'as fait croire que j'étais ton égal. Ton frère. »
Il murmura :
— « Toute ma vie, j'ai voulu qu'on m'aime… pas pour ma beauté, mais pour ce que je suis… »
Ses yeux devinrent rouges.
— « Et maintenant, tu me dis que même ça… c'était faux ? »
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Un souvenir surgit.
Flou. Enfoui.
Un Liyan enfant. Fiévreux. Trop faible pour marcher.
Un homme, son "frère", le prenant dans ses bras. Le portant sur son dos, à travers le palais, en pleine nuit.
Il faisait froid. Il se sentait protégé. Il croyait…
qu'il comptait vraiment.
Ce souvenir, aujourd'hui, le dégoûtait.
Il murmura, brisé :
— « Même ça… c'était un mensonge. »
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L'Empereur s'approcha encore.
— « Je t'ai élevé pour ne pas être faible. Ton existence n'était pas prévue. Ton corps, ton visage… étaient trop beaux. Trop dangereux. »
— « Je t'ai fait croire que tu étais mon frère pour mieux te contrôler. Pour mieux t'élever sans attiser les soupçons. »
Il posa une main sur l'épaule de Liyan.
— « Ne pleure pas, mon fils. Ce n'est pas un drame. C'est… la politique. »
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Mais Liyan se releva lentement.
Et dans ses yeux, il n'y avait plus rien.
Ni respect.
Ni haine.
Juste… un silence sans fond.
Il répondit d'une voix posée :
— « Tu as tué l'enfant que j'étais. »
Il fit un pas vers la porte.
— « Tu devrais prier qu'il ne renaisse jamais. »
Puis il quitta la pièce.
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Et l'Empereur, seul, murmura :
— « Enfin… il ouvre les yeux. »
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Fin du Chapitre 15