Page 16: Le roi marche, et se souvient

---

Le vent soufflait fort sur la vallée.

Mais il n’avait pas d’odeur.

Rien que du froid.

Un froid qui ne venait pas du ciel, mais de lui.

Flavé marchait, seul.

Sa créature, celle qu’il avait éveillée, le suivait à distance.

Soumise. Respectueuse.

Car même les démons sentent quand un être va au-delà de leur nature.

---

Il s’arrêta.

Le paysage devant lui était un champ stérile.

Un ancien village, désormais réduit à des arbres morts, des maisons effondrées, et des ossements gelés.

Il se pencha, lentement.

Ses doigts effleurèrent une broche rouillée dans la terre.

Il la reconnut immédiatement.

> La broche de Shizuka.

Simple. Argentée. En forme de feuille.

Elle la portait toujours à la ceinture, cadeau de leur première mission ensemble.

Il la prit.

L’observa longuement.

Puis, lentement, il ferma la main sur elle.

---

> — Tu m’as laissée tomber… ou on t’a forcée à me lâcher la main ?

Il ne savait plus.

Et ça, c’était pire que la haine.

Parce que ce doute…

ce doute-là brûlait plus fort que le feu.

---

Il se redressa.

Le ciel devint plus sombre.

La brume revint, plus lourde.

Sa créature s’approcha, inquiète.

> — Maître… les cieux tremblent. Les étoiles frémissent. Il faut donner un ordre…

Flavé ne répondit pas.

Il tourna les yeux vers l’ouest, là où se trouvait la capitale.

Là où tout avait commencé.

Là où ils l’avaient brisé.

Et là où elle l’avait regardé pour la dernière fois.

---

> — Qui m’a menti…?

Toi, Shizuka… ou le monde entier ?

---