Le lendemain matin, Marseille était méconnaissable.
Un calme pesant étouffait les rues. Les marchés d'ordinaire bruyants étaient déserts, les volets clos, les trottoirs abandonnés comme après une tempête invisible.
Yasser et Haïtoutou , curieux et inquiets, avaient décidé de sortir discrètement pour comprendre ce qui se passait dehors.
Marchant côte à côte dans les ruelles vides, leurs pas résonnaient étrangement.
— Tu as vu ça, frère ? souffléla Haïtoutou, tendu. Pas un chat. Même le vieux marché est mort…
— Ouais, murmura Yasser, le regard en alerte. Ce n'est pas normal. Pas un bruit, pas une odeur de bouffe... Rien.
Ils traversèrent la place principale, d'habitude pleine de cris et de vendeurs ambulants. Aujourd'hui, tout semblait figé, comme suspendu.
Au détour d'une ruelle, un homme surgit, haletant, les yeux fous.
— Partez d'ici ! cracha-t-il, sa voix rauque tremblant de panique. Y'a des choses... des choses qui ne sont pas humaines !
— De quoi tu parles ? tenta Yasser, faisant un pas en avant.
Mais l'homme recula, l'air effrayé, puis disparu en courant dans une ruelle étroite sans attendre de réponse.
Haïtoutou et Yasser échangèrent un regard lourd de sous-entendus.
— Il est sérieux là ? souffléla Haïtoutou.
— Je ne sais pas… Mais je sens que ce n'est pas juste un taré, répondit Yasser, crispé.
Ils accélérèrent le pas vers la maison, le cœur battant.
Quelqu'un a choisi dans l'air avait changé. Ce n’était plus juste de l’inquiétude.
C'était de la peur.
Une peur ancienne, instinctive, celle qui précède les cataclysmes.