Chapitre 8 : Le jeu du désir

Le lendemain, dans Le bureau Aidan Blackwell était plongé dans une semi-obscurité, éclairé seulement par la lumière orangée du soleil couchant qui filtrait à travers les stores mi-clos. L’atmosphère semblait se densifier, lourde d’une énergie invisible, presque électrique.

Éléa tenait dans ses mains un dossier épais qu’elle venait tout juste de déposer sur le bureau en verre, ses doigts effleurant à peine le coin de la pile de papiers où les yeux d’Aidan se posaient avec insistance.

Elle avait soigneusement choisi sa tenue ce soir : une blouse blanche fluide qui soulignait délicatement ses formes, et une jupe noire droite. Rien d’excessif, mais suffisamment pour attirer son regard, ce regard intense et perçant qu’elle avait appris à reconnaître.

— J’ai passé en revue vos rapports, Éléa, dit Aidan d’une voix basse, presque un murmure, qui la fit frissonner. Votre efficacité… votre calme… C’est rare dans ce métier.

Elle leva les yeux vers lui, croisant ce regard magnétique qui ne la quittait jamais vraiment.

— Merci, monsieur Blackwell, répondit-elle, sa voix plus douce qu’à l’ordinaire, une pointe d’émotion cachée dans le ton.

Il se leva lentement de son fauteuil, ses gestes maîtrisés, mais son regard trahissait une certaine tension. Il fit un pas vers elle.

Leurs corps se rapprochaient, la distance rétrécissait au rythme de leurs respirations.

— Vous paraissez toujours si sûre de vous, même quand tout semble s’effondrer autour, murmura-t-il, la voix plus rauque, presque cassée.

Éléa sentit la chaleur monter en elle, son cœur battre plus fort, sa respiration s’accélérer. Elle avait conscience de chaque frémissement, de chaque silence chargé d’intentions.

— J’ai appris à maîtriser le chaos, répondit-elle, en relevant légèrement le menton, soutenant son regard sans faiblir.

Aidan inclina la tête, admirant son audace, son aplomb, cette force tranquille qui le déstabilisait plus qu’il ne voulait l’admettre.

— Pourtant, il y a une vulnérabilité que vous ne montrez jamais. Vous êtes un mystère, Éléa. Un mystère que je brûle de comprendre.

Il fit un pas encore, et maintenant leurs souffles semblaient s’entrelacer dans cet espace trop petit pour contenir leur tension.

Éléa sentit son corps réagir malgré elle : ses mains tremblaient légèrement, un frisson lui parcourait la colonne vertébrale.

— Ce que vous ressentez n’est pas un secret, murmura-t-elle, presque à voix basse.

Leurs yeux ne se lâchaient plus.

Il tendit la main, effleurant doucement sa joue, comme pour vérifier que ce moment était réel.

Un courant électrique passa entre eux, intense, brûlant, emportant toute retenue.

Éléa retint un souffle, le regard brillant d’une émotion qu’elle n’avait jamais osé montrer.

— Jusqu’où êtes-vous prête à aller pour garder le contrôle ? demanda-t-il, la voix à peine audible, mais chaque mot frappant comme un défi.

Elle ferma les yeux une fraction de seconde, savourant l’instant suspendu. Puis, d’une voix douce mais ferme, elle répondit :

— Jusqu’à ce que ce soit moi qui décide.

Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres.

Il approcha son visage, réduisant la distance à un souffle, si proche qu’elle pouvait sentir la chaleur de sa peau.

Le temps sembla s’arrêter.

Leurs lèvres se cherchèrent dans un balancement délicat, un jeu de séduction à la fois tendre et brûlant.

Puis la porte du bureau s’ouvrit brusquement, brisant la magie.

Éléa recula, reprenant son souffle, les joues en feu.

Aidan lui lança un dernier regard, chargé de promesses et de désir contenu

 — Nous reprendrons cette conversation, conclut-il simplement.

— Aidan ? Tu es là ? demanda une voix douce mais assurée.

Tous deux se figèrent. La silhouette élégante d’une femme apparut dans l’encadrement. C’était Clara, la petite amie d’Aidan, son visage illuminé par un sourire confiant.

Elle jeta un coup d’œil rapide vers Éléa, un mélange subtil de curiosité et de défi dans ses yeux.

Aidan se redressa, reprenant contenance.

— Clara, je ne t’attendais pas si tôt, dit-il en essayant de masquer l’agitation qui montait en lui.

Éléa, encore sous le choc, rassembla ses affaires.

— Je vais vous laisser, monsieur Blackwell, murmura-t-elle, la voix tremblante mais décidée.

Il savait que la situation était dangereuse, compliquée. Mais il ne pouvait nier l’attirance dévorante qui le consumait, celle qui risquait de bouleverser tout son univers parfaitement contrôlé.