chapitre 5

L'évolution seule ne suffit pas

Le sol vibrait à chaque pas du monstre.

Ses tentacules, noirs, veineux, épais comme des arbres centenaires, claquaient contre les ruines comme des fouets vivants.

Keita, les yeux sans pupilles, se tenait au centre du cercle de combat.

Il respirait lourdement. Ce n’était pas son pouvoir. Ce n’était pas son rythme.

Derrière lui, les 17 éveillés, encore tremblants de leur transformation, se regardaient les uns les autres.

— Quelqu’un… a un plan ? dit Malik.

— On attaque, non ? On va pas rester là ! lança Tobias.

Mais leurs pas étaient hésitants. Ils étaient puissants… mais sans expérience.

Le premier assaut vint du monstre.

Un tentacule s’abattit violemment.

Dayo, réactif, projeta une lumière explosive.

Le bras de la bête recula… mais revint immédiatement, plus rapide.

Kwame tenta d’absorber le son, mais le cri du monstre le fit s’effondrer à genoux.

Et soudain… un éclair.

Kubira surgit, bondit sur un morceau de ruine, et planta ses bras électrifiés dans la base d’un tentacule.

— Maintenant ! cria-t-il.

Ayra fit surgir des racines massives. Miro les recouvrit d’ombres, créant un camouflage.

Hiro, avec un rugissement, frappa de toutes ses forces.

Tranché.

Le tentacule tomba, pulvérisé.

Le monstre hurla.

Son corps gonfla légèrement, et sa peau devint plus sombre.

— C’était… quoi ça ?! cria Yuna.

— Il… il grossit quand on le blesse, souffla Keita. C’est pas bon signe.

Et ce n’était que le début.

Le monstre devenait plus violent.

Ses attaques plus chaotiques, moins prévisibles.

Les tentacules sifflaient dans l’air, cherchant à déchirer chair et pierre.

— Regroupez-vous ! hurla Oren.

Mais c’était trop tard.

Léana, en se repliant, fut attrapée à la jambe par un tentacule. Elle cria… mais une seconde plus tard, elle fut balancée contre une colonne effondrée.

Le craquement de ses os résonna dans toute la zone.

— LÉANA !!! hurla Yaretzi, les larmes aux yeux.

Keita fonça, aveuglé par la rage.

Son corps dégageait une aura électrique instable.

Il frappa un tentacule, mais le monstre para.

Une cloche sonore résonna dans sa tête.

Pendant ce temps, Rhan solidifia l’air autour de deux tentacules, les bloquant quelques secondes.

Soojin ralentit le temps dans un petit périmètre.

— Maintenant ! cria-t-elle.

Izel transforma sa peau en pierre, sauta sur l’un des bras de la créature et frappa.

Tobias, derrière, toucha le tentacule avec ses mains : la chair commença à se désintégrer.

Et Hiro, une fois encore, termina le travail.

Deux autres tentacules tombèrent.

Mais le prix était lourd.

Un autre tentacule surgit dans l’angle mort… et transperça Sanae, qui restait concentrée pour protéger les autres avec ses esprits.

Elle ne vit même pas venir la mort.

Elle s’écroula, un filet de sang sur les lèvres.

— Deux morts… souffla Hiro.

— Et il bouge… encore plus vite.

Il n’en restait plus que huit.

Et chacun était plus puissant qu’au départ.

Oren, le visage couvert de sueur, se retourna :

— Il va devenir incontrôlable… On doit ralentir sa croissance.

Mais comment faire ?

Chaque tentacule coupé rendait l’ennemi plus fort.

Keita, debout au centre, vacillait.

— Il… il devient plus rapide que mes réflexes.

Kubira posa une main sur son épaule.

— Tiens bon. T’as pas à tout faire seul.

— Mais Kael…

— On s’en fout de Kael. T’es Keita.

Un cri déchira l’air.Miro, trop proche, fut balayé par deux tentacules en croix.

Il vola dans les airs… et s’écrasa lourdement.Il ne se releva pas.

— Miro est… Miro est mort, gronda Rhan, les poings tremblants.

Oren fonça. Il devint un éclair blanc.Il passa entre deux tentacules et frappa au cœur.

Une lame d’ombre surgit du sol.C’était un reste de Miro, déclenché par réflexe.

Le cinquième tomba juste après.Ayra, enragée, souleva une colonne de roche que Hiro fracassa en plein mouvement du bras géant.

Mais à chaque coup porté, la créature grossissait.Son souffle devenait plus bruyant. Ses yeux, plus rouges.Ses gestes, plus imprévisibles.

Oren recula. Pour la première fois, il avait l’air inquiet.

— Il ne réfléchit plus. Il ne sent plus la douleur. Il… il se transforme.Pas en monstre. En une abomination.