Chapitre 10 – Le Piège
Vendredi – 17h18 – Rue Montpensier
Le trottoir est gris.
Léger vent.
Odeur de pluie séchée sur le bitume.
Juno avance.
Ses pas sont lents.
Sa tête, basse.
Mais ses yeux… vifs.
Il le sent.
Encore.
Depuis plusieurs jours.
Un regard derrière lui. Une présence.
Une ombre qui disparaît dès qu’on tourne la tête.
Aujourd’hui, il en est sûr.
Il s’arrête devant un abribus.
Regarde la vitre sale comme un miroir.
Derrière, à vingt mètres :
Silhouette. Capuche.
Téléphone en main, collé à l’oreille…
Mais le gars parle pas.
« C’est toi. »
Juno fait demi-tour.
Lentement.
Mais le type a capté.
Il détale.
Juno fonce.
Les baskets claquent sur le bitume mouillé.
Le gars tourne à droite.
Juno accélère.
Il slalome entre deux poteaux.
Le suiveur passe entre deux conteneurs, saute un petit grillage.
Juno le suit.
Pas une seconde d’hésitation.
Ils descendent une ruelle en pente.
Un chat file en hurlant.
Le gars regarde derrière lui.
Erreur.
Juno gagne du terrain.
Le suiveur passe une grille rouillée.
Arrive dans une impasse.
Murs tagués.
Casiers de clim rouillés.
Pas d’issue.
Il se retourne.
Essaye un crochet désespéré.
Mais Juno l’évite.
Et frappe.
Poing dans le visage.
Le gars tombe contre le mur.
Il se redresse, lentement.
Le nez en sang.
Main tremblante dans sa poche.
Un petit couteau.
Il le sort.
Tente un coup droit.
Juno l’intercepte, bloque le poignet,
Frappe dans les côtes.
Le souffle du gars se coupe.
Et Juno l’attrape par la gorge.
Le plaque contre le mur.
Son regard est noir. Figé.
« Qui t’envoie ? »
Le mec tousse. Bredouille.
Rien d’utile.
Juno resserre la prise.
Rapproche son visage.
« Je vais te le répéter une dernière fois. Qui t’envoie ? »
Silence.
Puis un rictus.
Et un cri :
« ATTRAPEZ-LE ! »
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17h21 – Impasse Brisset
Sept gars arrivent.
En courant.
Barres. Battes. Chaînes.
Aucun mot.
Ils encerclent.
Un grand, capuche noire, gueule :
« MAINTENANT T’ES MORT ! »
Juno regarde. Compte.
Sept.
Ils bougent.
Le premier fonce, sans réfléchir.
Juno pivote.
Genou dans les côtes.
Coup de coude dans le dos.
Le corps s’écrase.
Deux autres.
Une chaîne siffle.
Juno l’évite, tire dessus,
Fait tomber le type.
Coup de pied dans la mâchoire.
Un autre tente un crochet.
Juno glisse sous le bras.
Poing dans le foie.
Le mec tombe en hurlant.
Le quatrième arrive, batte en main.
Juno se baisse, fonce sous sa garde.
Genou dans le ventre.
La batte tombe.
Coup de talon dans la tempe.
Trois au sol.
Quatre restants.
Il vise le plus proche.
Poing dans le nez.
Genou dans la cuisse.
Projection contre le mur.
Un autre tente de fuir.
Juno le chope par la capuche.
Coup de coude dans le torse.
Poing dans la gorge.
Le dernier…
Trop lent.
Low kick dans le genou.
Coup final dans les côtes.
Silence.
Sept gars.
À terre.
Certains bougent encore.
D’autres pas.
Juno reste debout.
Poings serrés.
Calme.
Mais…
Il tourne la tête.
Le premier.
Celui qui le suivait…
Disparu.
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18h56 – Cité Dumas – Appartement 27
Il pousse la porte.
Silence.
Il retire sa veste.
Passe dans la salle de bain.
Regarde son reflet.
Une trace rouge sur la mâchoire.
Du sang séché sur le col.
Il lave ses mains.
Longtemps.
S’assoit au bord du lit.
Allume son téléphone.
Notifications. Messages.
Vidéos.
Il ne regarde pas.
Il pense.
> C’était pas une attaque.
C’était un test.
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19h47 – Parking souterrain – Quartier Charonne
Le suiveur court.
Essoufflé. Trempé de sueur.
Il descend deux niveaux,
rejoint un coin sombre.
Un homme l’attend.
Assis sur une caisse.
Torso nu.
Cheveux longs.
Pied-de-biche sur les cuisses.
Malek.
« T’as mis du temps. »
Le gars baisse la tête.
« Il… il les a tous mis KO. J’ai rien pu faire. J’te jure. »
Malek se lève.
« Il avait peur ? »
« Non… Il avait l’air… tranquille. »
Silence.
« Continue de le suivre. »
« La prochaine fois, tu restes jusqu’au bout. »
Il s’éloigne.
Puis ajoute, sans se retourner :
« Sinon, tu sers plus à rien. »
Le suiveur reste figé.
Seul.
Les mains tremblantes.