Je n'ai presque pas dormi de la nuit. Le souvenir de Vincent m'enlaçant dans son sommeil me hante encore, même après nous être levés. L'instant où je me suis réveillé, sentant la chaleur de son corps contre le mien, ses bras autour de ma taille... Je n'ai pas su comment réagir. Mon cœur s'est emballé, et pour un instant, j'ai cru que le monde entier s'était arrêté.
Il s'est excusé presque immédiatement, comme si ce simple geste accidentel avait franchi une ligne invisible entre nous. Mais ce n'était pas juste ça. Ce moment, même dans son inconscience, a révélé quelque chose de plus profond, quelque chose que ni lui ni moi ne pouvons continuer à ignorer.
Maintenant, assis dans la salle de réunion, je fais tout ce que je peux pour me concentrer sur les discussions avec nos clients. Pourtant, chaque fois que Vincent bouge ou parle, je sens mon regard dériver vers lui. Je le surprends plusieurs fois à me regarder aussi, et chaque fois que nos regards se croisent, la tension devient presque insoutenable.
Je tente de me ressaisir, de rester professionnel, mais il est là, juste en face de moi, et je ne peux pas m'empêcher de me rappeler de chaque détail de son corps, que j'ai vu la veille au soir. Le souvenir de sa silhouette nue, juste après sa sortie de la douche, me trouble encore. Son corps, puissant et magnétique, est gravé dans ma mémoire. Et je sais qu'il a vu comment je l'ai regardé. Il a vu l'intensité dans mes yeux, l'attirance que je ne peux plus cacher, même si j'essaye de la dissimuler derrière un masque de professionnalisme.
À un moment donné, pendant la réunion, je me lève pour aller chercher un dossier. C'est une excuse pour prendre un moment, pour respirer, mais en réalité, c'est parce que j'ai besoin de m'éloigner. La tension dans la pièce est trop forte. Chaque geste, chaque regard échangé avec Vincent fait monter en moi une vague de désir que je lutte pour contrôler.
Quand je reviens à la table, je fais de mon mieux pour me concentrer, mais mon esprit revient sans cesse à ce qui s'est passé cette nuit. Le moment où je suis revenu du bar, pensant que Vincent était encore dans la salle de bain, et la manière dont je l'ai trouvé là, dans toute sa nudité. Je n'ai pas pu détourner le regard. C'était comme si mes yeux étaient captivés par lui, et même maintenant, je peux encore sentir l'intensité de ce moment brûler dans mon esprit.
La réunion touche finalement à sa fin, mais pas la tension entre nous. Je me lève, rangeant mes affaires avec une précipitation silencieuse. J'évite le regard de Vincent autant que possible, mais je le sens toujours sur moi, cette présence magnétique qui semble me suivre partout.
"Merci pour cette réunion," dit Vincent, serrant la main des clients avant de me jeter un coup d'œil rapide. "Gabriel, tu peux t'occuper des derniers détails ?"
Je hoche la tête sans vraiment le regarder. Concentre-toi, Gabriel. Je m'efforce de rester calme alors que je discute avec les clients, mais mon esprit est encore bloqué sur cette proximité inévitable qui nous attend.
Lorsque nous retournons à l'hôtel, je sens une nervosité latente monter en moi. Nous allons devoir partager à nouveau cette chambre, cet espace trop intime pour que je puisse prétendre que tout va bien. Vincent semble aussi tendu que moi, bien que nous n'ayons échangé que des paroles polies et brèves depuis la réunion.
Lorsque nous entrons dans la chambre, je retire immédiatement ma veste et la jette sur une chaise, tentant de masquer l'agitation qui me serre la poitrine. Vincent est à l'autre bout de la pièce, s'affairant avec ses affaires, mais je sens toujours sa présence. L'air entre nous est lourd de non-dits.
"Je vais descendre un moment, prendre l'air," dis-je, sentant le besoin urgent de m'éloigner, de trouver un moment pour me calmer. La tension est trop forte, trop présente, et je ne suis pas certain de pouvoir la supporter beaucoup plus longtemps.
Vincent hoche la tête, mais ne dit rien. Je sors rapidement, me dirigeant vers l'ascenseur, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur.
Je reste dehors plus longtemps que je ne l'avais prévu, essayant de me débarrasser de cette agitation intérieure. Il est évident que nous sommes tous les deux troublés par ce qui se passe, mais aucune solution ne me vient à l'esprit. Comment pourrait-il en être autrement ? Il est mon supérieur, et je suis son stagiaire. Toute cette situation est compliquée, et pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette attirance, cette connexion que nous partageons.
Après avoir pris un moment pour respirer profondément, je décide de remonter dans la chambre. Quand j'entre, je m'attends à retrouver Vincent encore en train de s'affairer, mais je réalise rapidement qu'il est dans la salle de bain. L'eau de la douche coule, et je me souviens immédiatement de la veille, de la manière dont je l'ai vu sortir de la salle de bain, nu, et comment je n'ai pas pu détourner le regard.
Je m'assois sur le bord du lit, essayant de ne pas trop y penser, mais c'est impossible. Ce souvenir est gravé dans mon esprit, et je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qui se passerait si nous laissions enfin cette tension éclater.
Soudain, la porte de la salle de bain s'ouvre, et Vincent sort, sa peau encore légèrement humide, une serviette autour de sa taille cette fois. Il ne semble pas m'avoir remarqué immédiatement, et pendant un instant, je le regarde sans bouger. Mon cœur s'emballe à nouveau, incapable de rester calme en sa présence.
Vincent finit par croiser mon regard, et pour un moment, nous restons là, simplement à nous observer. Aucun de nous ne parle, mais je sais que nous ressentons tous les deux la même chose. La tension entre nous est devenue presque insupportable.
Finalement, je détourne les yeux et me lève. "Je vais me coucher," dis-je rapidement, ma voix plus tremblante que je ne l'aurais voulu.
Vincent hoche la tête, mais je sens toujours cette tension dans l'air. Je m'installe sous les draps, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur, mais je sais que cette nuit ne sera pas plus facile que la précédente. Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre, et chaque mouvement de Vincent me rappelle à quel point cette proximité est devenue difficile à supporter.
Le sommeil finit par me prendre, même si mes pensées sont encore agitées par tout ce qui s'est passé entre nous. J'essaye de ne pas y penser, mais chaque moment passé avec lui me rappelle à quel point cette tension devient difficile à supporter.
Le matin, je me réveille avant lui. La lumière du jour filtre à travers les rideaux, et je sens immédiatement la chaleur de son corps à côté du mien. Nous sommes encore proches, trop proches. Mais cette fois, je n'ose pas bouger. Je me contente de savourer cet instant silencieux, ce moment où nous ne sommes que deux corps, sans cette tension écrasante.
Mais je sais que ça ne peut pas durer. Lorsque Vincent finit par se réveiller, il s'écarte immédiatement, ses yeux remplis de confusion et de gêne.
"Désolé," murmure-t-il.
Je secoue la tête. "C'est bon," dis-je doucement, mais je sais que ni lui ni moi ne pouvons vraiment ignorer ce qui s'est passé entre nous.
La journée se passe comme un écho de la veille. Nous effectuons notre travail, nous rencontrons les clients, mais à chaque instant, nos regards se croisent, chargés de cette tension non résolue. Et même si nous prétendons que tout va bien, je sais que nous sommes tous les deux au bord de céder.
La question n'est plus : si, mais : quand.